LARA JENKINS

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Lara Jenkins c’est 24 heures dans la vie d’une femme. Mais ces 24 heures sont très spéciales. Ce jour-là donc Lara Jenkins est censée fêter ses 60 ans, mais, au saut du lit, elle tente de se jeter par la fenêtre. Un incident l’empêche de commettre l’irréparable et elle va vivre une journée particulière. Au fil de ses déambulations et rencontres dans Berlin, elle fait le point sur sa vie.

Une question taraude Lara : pourquoi son fils, pianiste virtuose qui doit donner son premier concert ce jour-même refuse-t-il de lui parler ? Au fur et à mesure que Lara essaie de comprendre la situation, nous en apprenons un peu plus sur la vie de cette femme qui a elle-même renoncé à une carrière de pianiste.

Visage impassible, la comédienne Corinna Harfouch parfois qualifiée en France de « Isabelle Huppert allemande » incarne cette insaisissable sexagénaire peu commode qui a plus d’une surprise à nous réserver. Son interprétation magistrale lui a valu pas moins de trois prix dans plusieurs festivals.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SONATE D'AUTOMNE (Les relations tendues entre une ex-pianiste de renommée mondiale et sa fille) ou encore LA PIANISTE (Une prof de piano entretient des rapports complexes avec un de ses élèves).

Par une très heureuse coïncidence, le principe du scénario de Lara Jenkins, rejoint celui de Oh Boy, 24 heures à Berlin, le premier long-métrage de fiction de Jan-Ole Gerster. Le cinéaste y retraçait l’errance d’un étudiant dans Berlin au long d’une journée. Il explique qu’il aime cette façon de raconter une vie en un seul jour, montrer comment une grande histoire s’écrit à travers de petits faits. Le script a été écrit par le scénariste Blaz Kutin, qui est par ailleurs un photographe renommé et sa force selon Gerster vient du fait qu’il n’impose aucune interprétation, qu’il reste très ambigu sur les personnages et les situations tout en faisant preuve d’un humour subtil.

La relation complexe entre Lara et son fils est assez caractéristique de ce qui se passe quand un instrumentiste se consacre dès ses plus tendres années à sa pratique musicale. En sacrifiant son enfance et de l’adolescence au piano, on finit par se sentir perdu dans la « vraie vie ». Lors de sa préparation avant le tournage, Jan-Ole Gerster a rencontré de nombreux pianistes. « C’est un monde très bizarre, assez hermétique, dit-il. Il se souvient notamment d’une conversation avec l’un d’eux qui lui racontait ses années de formation. A un moment donné le réalisateur a parlé d’une chanson de Bob Dylan. Son interlocuteur l’a regardé : « qui est Bob Dylan ? ». Dylan ne faisait pas partie de son univers.

C’est le réalisateur lui-même qui a choisi de donner à la chanson Il jouait du piano debout de France Gall la place qu’elle occupe dans le film. Le scénario initial ne mentionnait pas le titre du morceau, l’idée était juste de montrer la distance entre le voisin et Lara. Mais le metteur en scène a voulu que le tube pop composé par Michel Berger infuse l’esprit de l’héroïne. En faisant s’achever le film avec cette chanson sur le respect de la différence, Jan-Ole Gerster a voulu apporter une note d’optimisme. Ce tube qui est lié au voisin, rare personnage à accepter Lara telle qu’elle est, indique la possibilité d’une amitié qui viendrait rendre l’existence de Lara moins terne et déprimante.

Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais... Une victime d'une formation assez à la Whiplash ("la main gauche ne sert pas qu'à se gratter le cul" lui aurait dit son 'classieux' prof de piano, entre autres gentillesses), s'est ...

D'où, sans doute, ce sentiment qu'on éprouve, durant les vingt ou trente premières minutes, d'avoir raté le train du film et d'être resté sur le quai. On ne comprend pas trop ce qui meut ou travaille l'héroïne. On voit bien, d'emblée, qu'elle est hyper mal dans sa peau... ...

« Longtemps je me suis couché de bonne heure... » Aussi audacieux et paradoxal que Marcel Proust abordant par ces mots sa « Recherche... » et provoquant ainsi la lettre dans laquelle Gide lui opposait son refus d’accueillir son manuscrit à la NRF, Jan Ole Gerster ouvre ...