SISSI & MOI en VOD
- De
- 2023
- 132 mn
- Drame
- Suisse | Allemagne
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le cinéma populaire par le passé a été marqué par la série de films consacrée à l’histoire d’amour entre l’impératrice Sissi et l’empereur François-Joseph, incarnés par Romy Schneider et Karlheinz Böhm. Au total, quatre films, de 1954 à 1957, tous écrits et réalisés par le cinéaste autrichien Ernst Marischka : LES JEUNES ANNEES D’UNE REINE, SISSI, SISSI IMPERATRICE et SISSI FACE A SON DESTIN. Des décennies plus tard, la réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder fait revivre Sissi sur grand écran, avec la complicité de son coscénariste, l’écrivain suisse Christian Kracht, et l’actrice allemande Suzanne Wolf dans le rôle de l’impératrice. Si ce nouveau film s’inscrit dans la même veine biographique que les précédents, son propos s’en détache nettement : Sissi est désormais séparée de son impérial époux et voyage à travers l’Europe accompagnée uniquement d’autres femmes dont sa dame d’honneur, Irma Sztaray qu’incarne Sandra Hüller. L’histoire est d’ailleurs racontée du point de vue de cette dernière.
En décidant de raconter les dernières années de la vie de l’impératrice Sissi, Frauke Finsterwalder a radicalement rompu avec les œuvres qui jusque-là avaient évoqué ce personnage, y compris le film plus dramatique de Luchino Visconti, LE CREPUSCULE DES DIEUX, avec toujours Romy Schneider dans le rôle de l’impératrice et celui très récent réalisé en 2022 par Marie Kreutzer, CORSAGE, avec cette fois Vicky Krieps dans le rôle principal. Une bande-son ultra-pop participe assurément de cette rupture et de ce renouveau. Tout comme un parti pris esthétique fondé sur une image délicatement feutrée. Au total, un ensemble résolument moderne et provocant sans gratuité inutile.
L’intérêt du film, c’est également de déporter notre regard de spectateur sur un personnage dit seconde de l’histoire officielle : la comtesse hongroise Irma Sztaray recrutée pour être la dame de compagnie d’une Sissi bien plus délurée que le personnage incarné en son temps dans la série initiale des Sissi par Romy Schneider. C’est elle, et non l’impératrice, la véritable héroïne du film. C’est alors le portrait d’une femme de quarante ans mais qui est « une enfant dans le corps d’une femme » selon l’expression de Sandra Hüller à propos de son personnage. En adoration devant l’impératrice, elle n’en devient pas pour autant son amie mais le film décrit avec brio sa complexité et ses souffrances. Un « pas de côté » par apport à l’histoire officielle mais à propos d’un personnage fascinant qui a bel et bien existé, tel est bien l’atout majeur du film de Frauke Finsterwalder.