La Llorona appartient plus particulièrement au folklore mexicain mais par extension, elle est devenue une légende sud-américaine. On dit qu’elle a noyé ses enfants par colère après qu’elle a découvert son mari avec une autre femme. Depuis son forfait, elle est vouée à pleurer pour l’éternité. Mais son histoire connaît des variations – comme souvent dans la tradition orale – et si elle semble hanter les coupables par soif de justice, d’autres versions disent qu’elle kidnappe des enfants à la recherche des siens. Le cinéma l’a souvent mise en scène. On pense au bien nommé La Llorona, film tourné par le Mexicain René Cardona en 1960, à Kilomètre 31 de Rigoberto Castañeda en 2006 ou encore à La Malédiction de la dame blanche, en 2019, spin off de la saga Conjuring. En effet, la Dame Blanche, c’est l’autre nom que l’on donne à la Llorona.
« Indien, homosexuel et communiste : il n’y a pas pires insultes au Guatemala », résume le site suisse du Temps, sur la foi d’une conversation avec le réalisateur. En effet, Jayro Bustamante a conçu La Llorona comme le dernier volet d’un triptyque, après Ixcanul en 2015 et Tremblements en 2019 qui traitaient déjà des problèmes sociaux et culturels du pays. « Je souhaitais parler de l’emploi insultant du mot « communiste » contre tous ceux qui défendent les droits de l’homme, dit le réalisateur au journal le Monde. Et aussi de cette terre – c’est vrai de l’Amérique latine en général –, qui ne cesse de pleurer ses disparus. » Pour replacer La Llorona sur le terrain du cinéma d’horreur, le metteur en scène avait des références précises en tête : Shining de Kubrick, Rosemary’s Baby de Polanski ou encore The Witch de Robert Eggers.
La Llorona a été tourné à l’Ambassade de France au Guatemala. Une manière pour le réalisateur de protéger son film et de se retrancher chez lui mais en territoire étranger. « Nous avons reçu des « recommandations » anonymes qui nous déconseillaient vivement de tourner ce film, explique-t-il à Mediapart. Heureusement, j’avais le soutien de l’ambassadeur français qui m’a permis non seulement de tourner dans l’ambassade mais aussi dans sa résidence sous la permission du ministère de la Culture français. » Jayro Bustamante dispose en effet de la double nationalité, d’où l’aide de la France. « Il y a eu plusieurs tentatives pour que l’on arrête le tournage, continue-t-il. L’ambassadeur a failli être déclaré persona non grata mais il a maintenu sa décision de la continuité du tournage. Tout ce contexte à la fois a accéléré et freiné la réalisation du projet.