LA FUGUE

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Une actrice hollywoodienne déchue, riche et un brin alcoolique, contacte le détective, Harry Moseby, afin qu’il retrouve sa fille, Delly. L’adolescente aurait fugué et mènerait depuis une vie dissolue. S’il la retrouve, la prime sera conséquente. Et Harry a besoin d’améliorer l’ordinaire.

Le privé s’empare aussitôt de cette recherche sans se douter une seule seconde qu’elle va l’emmener des plateaux de tournage de western dans l’ouest Californien à Key West, à l’extrême sud de la Floride, dans des milieux interlopes qui vont s’amuser à jouer au chat et à la souris avec lui.

Harry Moseby n’est pourtant pas au mieux de sa forme. Par hasard, il découvre que sa femme le trompe. Et c’est fragilisé par une vie privée chahutée qu’il va se jeter à corps perdu dans une enquête alambiquée dont aucun des protagonistes n’est bien sûr franc du collier.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PRIVÉ (Encore une enquête menée par un détective privé aux prises avec ses propres démons) ou encore KLUTE (Encore un polar où l'intrigue repose sur une jeune femme, prostituée parce que mal-aimée).

Quand Arthur Penn s’attaque à ce polar, il n’a pas tourné au cinéma depuis cinq ans, accaparé qu’il était par le théâtre. Son film précédent, Little Big Man, avait renouvelé à sa manière le western. Son ambition était de bousculer aussi le film noir en plongeant un privé dans une intrigue complexe dont il s’amuse encore à brouiller les pistes. Finalement, son propos semble plutôt confronter un homme à ses échecs sentimentaux, sportifs et professionnels qu’à dénouer une intrigue qui passe parfois au second plan. Pour cela, il s’est doté d’une arme fatale : l’acteur Gene Hackman qu’il fait tourner pour la seconde fois et retrouvera dans Target, dix ans plus tard.

Gene Hackman est alors au faîte de sa carrière commencée à 31 ans. Après un long passage à la télévision et quelques seconds rôles au cinéma, il joue le frère de Warren Beatty dans Bonnie & Clyde. Ce qui lui vaut sa première nomination à l’Oscar et le ciment d’une amitié sans faille avec ce confrère qui l’embarque sur ses projets. En 1971, Gene Hackman rafle le premier rôle de French Connection de William Friedkin et son premier Oscar. Il enchaîne alors le bon en tournant dans L’épouvantail de Jerry Schatzberg, Conversations secrètes de Francis Ford Coppola ou Frankenstein Junior de Mel Brooks et le moins bon, avant de donner corps à Harry Moseby dans cette fugue trépidante. Il retrouvera ensuite le western avec La chevauchée fantastique puis avec Impitoyable de Clint Eastwood qui lui vaudra son second Oscar.

Dans La Fugue, il est ce détective un peu paumé, trimballé par la vie et les événements mais qui n’hésite à en découdre ni avec les femmes, ni avec les truands. L’époque est libérée, les actrices dénudées, les voitures profilées, les bagarres se jouent à mains nues sans effets spéciaux. Le dénouement est mis en scène de manière somptueuse, dans une confrontation finale à la fois impossible et bien réelle mais tenue à distance par un jeu de vitres et d’eau saisissant. Autour de Gene Hackman, deux débutants dont on retiendra le nom : James Woods, en mécanicien manipulateur, et Melanie Griffith, en jeune séductrice privée d’affection.

On en oublierait presque, avec les grandes œuvres de Penn, que le cinéaste s’est aussi frotté à ses contemporains : ce fut évidemment le cas avec son plus beau film, La poursuite impitoyable, satire féroce qui se prolonge un peu ici, dix ans plus tard, dans une société ...

Le titre original de cette fugue est "Night Moves", et c'est vrai que les lignes du film bougent surtout sous la lune chaude de Floride et de Californie. Quand on a des choses à se reprocher, la nuit et son silence font parfois trop cogiter... alors pour éviter ça on trompe ...

Alors qu'il s'était éloigné des plateaux de cinéma pour se consacrer aux planches de théâtre durant quelques années, Arthur Penn revient en 1975 avec Night Moves, où il met en scène un détective privé à la recherche d'une jeune fugueuse. Comme souvent dans les films ...