BLUE & COMPAGNIE en VOD
- De
- 2024
- 100 mn
- Jeunesse
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Sur le papier, Blue & Compagnie a tout du projet casse-gueule : un film mêlant prises de vue réelle et animation, un sujet volontiers un peu guimauve et aux manettes un réalisateur, John Krasinski, qui a certes bluffé tout le monde avec Sans un bruit (sorti en 2018) mais ne s’était jusqu’ici jamais frotté à la comédie familiale. Qu’on se rassure tout de suite, cette première incursion dans le genre est une réussite. D’abord grâce à son point de départ, pour le moins original : l’histoire de Bea, enfant meurtrie par la mort de sa mère, qui découvre un jour qu’elle est capable de voir les amis imaginaires de tous les enfants devenus grands, et décide de monter un business d’agence matrimoniale pour les recaser avec d’autres bambins. L’idée, pour le moins saugrenue, se révèle un formidable ressort comique et tragique à la fois.
Mais la réussite tient aussi à la réalisation inspirée. Dans la droite ligne de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Blue & Compagnie superpose intelligemment l’animation 3D au film classique, sans perdre la sensibilité ni de l’un ni de l’autre. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les interactions de Blue, l’énorme chose violette et touffue, dans la fourrure duquel n’importe qui rêverait de se lover, et de Cal, le chef d’orchestre des créatures délaissées, incarné par un Ryan Reynolds en chair et en os. Le film fourmille d’effets comiques hors-champs ou en arrière-plan, et fait preuve d’une grande inventivité visuelle. Empruntant tout à la fois à Mary Poppins, au Magicien d’Oz ou encore à Monstres & Cie, John Krasinski parvient en 1h30 à recréer un univers drôle et réconfortant, qui culmine lorsqu’on entre dans ce qui ressemble à un centre de réhabilitation pour amis imaginaires. Séances de psychanalyse, entretiens d’embauche pour retrouver un enfant… tout est bien pensé dans une séquence hilarante.
On sent dès lors que le réalisateur et Ryan Reynolds, qui coproduit le film, ont décidé de prendre leur sujet (et leur public) au sérieux. Certes, leur message est plutôt convenu (on a tous besoin d’un ami imaginaire, quel que soit notre âge) mais le soin apporté à l’ensemble est tel qu’il est impossible de ne pas se laisser embarquer. Le casting est, à ce titre, très parlant. Ryan Reynolds cesse ses cabotinages à la Deadpool pour devenir attachant, l’excellente Fiona Shaw hérite du rôle de la grand-mère et toutes les voix des amis imaginaires sont géniales (en vrac, on retrouve Phoebe Waller-Bridge, Steve Carell, Matt Damon ou encore Emily Blunt). Dans la lignée des films d’animation du studio Pixar, mais aussi d’un E.T. de Steven Spielberg, Blue & Compagnie remplit entièrement son cahier des charges : séduire les petits sans les mépriser, et les adultes sans les ennuyer.