BILLIE

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Il est des noms qui traversent le temps mais qui en fin de compte ne sont plus rattachés à grand-chose de tangible. Celui de Billie Holiday en fait partie... On se souvient finalement assez peu de ce qu’a représenté cette immense chanteuse du jazz et du blues des années 30 à 50. Bien sûr, il suffit d’écouter un de ses nombreux enregistrements pour succomber à son timbre si reconnaissable mais pouvoir mettre du concret sur cette voix unique est loin d’être inutile.

C’est ce que propose le fascinant documentaire de James Erskine : une véritable enquête sur la jeunesse, l’ascension, la chute, la renaissance et la rechute fatale de celle qu’on appelait Lady Day... On y découvre ses amours, ses liens avec la pègre, la persécution du FBI, ses addictions et surtout son immense appétit de liberté : celle de vivre à l’époque en afro-américaine assumée et celle de chanter la détresse du peuple Noir, quel qu’en soit le prix...

Billie Holiday est morte en 1959 à 44 ans seulement. Voici son histoire...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AMY (Le portrait de deux divas de la musique, à travers les joies et les tragédies de leur vie. Deux femmes emportées trop tôt à cause d'une existence consumée à toute vitesse...) ou encore LA MÔME (Edith Piaf comme Billie Holiday est morte jeune, après avoir connu d'immenses succès et de terribles désillusions. Elle a aussi à jamais marqué son art grâce à une voix unique...).

Au-delà de l’incroyable destin de Billie Holiday, c’est l’histoire dans l’histoire qui fascine : celle de ces dizaines d’heures d’enregistrements réalisés par la journaliste Linda Lipna Kuehl dans l’idée d’écrire une biographie sur la chanteuse, avant que la mort ne frappe l’auteur dans des circonstances assez troubles... Avait-elle trouvé des informations sensibles du côté de la mafia ou des services secrets américains ? Il aura en tout cas fallu attendre près de 50 ans pour que ce matériau unique puisse enrichir le documentaire de James Erskine... « Billie » rejoint la collection émouvante et passionnante de ces œuvres qui permettent d’écouter autrement le répertoire de ces divas de la musique et de regarder lucidement leur parcours souvent chaotique...

C’est par exemple le cas d’Amy Winehouse à qui Asif Kapadia a consacré un magnifique portrait avec « Amy » en 2015. Là aussi, il s’agit d’une sorte d’enquête retraçant la vie et la carrière météoriques de la star britannique de la pop, emportée à 27 ans seulement par ses démons et son style de vie. On y découvre dès l’enfance sa voix hors du commun, solaire, mais également l’ombre planante de tout ce qui conduira à sa fin prématurée... Parcours similaire dans « Whitney » de Kevin MacDonald en 2018 consacré à Whitney Houston. Là aussi un timbre divin mais une lente descente aux enfers malheureusement programmée dès l’enfance, amplifiée par la gloire, l’argent, les tentations et de mauvaises rencontres...

Autre style, autre registre, celui de Maria Callas, héroine tragique du documentaire « Maria by Callas » sorti en 2017 et signé Tom Volf. On y suit le chemin d’une femme voulant absolument rester au sommet de son art tout en refusant de renoncer à l’amour. Deux désirs incompatibles avec la célébrité quand elle atteint de tels sommets... Blessures d’artistes enfin avec « Twenty feet from stardom » en 2013, formidable doc consacré à ces femmes choristes qui ont accompagné les plus grandes stars mais sont souvent restées dans leur ombre, sans être jamais effleurées par la lumière des projecteurs...

En se servant d’une multitude d’archives, d’images et de photos sur Billie Holiday assemblées à l’aide du travail acharné de Linda Lipnack Kuehl, sans aucun doute, James Erskine a réalisé avec Billie, un immense documentaire. Mais est-ce vraiment un documentaire, un ...

« Que Dieu bénisse l’enfant qui s’en sort tout seul » chantait Billie Holiday ou Eleanora Fagan de son vrai nom… mais hélas ce ne fut pas vraiment le cas pour elle… qui ne s’en est finalement pas vraiment si bien sortie. Un destin tragique fait de gloire et de déchéance. ...