BELLE

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5 milliards de followers... Oui, je sais, il y a là de quoi carboniser les neurones d’une bonne partie de la communauté des influenceurs(ceuses), à moins que ça ne les active d’ailleurs ces neurones, quelque part sur une terrasse de Dubai ! 5 milliards, c’est le nombre de fans qui suivent Belle, star de la pop aussi populaire que mystérieuse... Et pour cause : Belle en fait s’appelle Suzu et elle est loin de ressembler à son alter ego...

Autant la diva des charts est extravertie et solaire, autant l’adolescente qui lui a donné vie est complexée et prisonnière de ses névroses. Une cohabitation intime déjà pas bien facile à organiser mais qui va, encore, se compliquer avec l’apparition de la Bête, une créature fantastique à la fois effrayante et fascinante...

Mamoru Hosada signe un film d’animation profond qui parle à la fois du passage si difficile à l’âge adulte mais aussi de ces mondes virtuels qui peuvent engloutir les plus fragiles. Une ode au merveilleux et à la liberté qui bénéficie évidemment, vu son thème musical, d’une bande originale soignée : vous reconnaitrez la voix de Louane dans la version française...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BELLE ET LA BETE (Le parallèle est trop flagrant pour être fortuit : mêmes noms de personnages, même morale sur la dualité et la différence et (pour la version Disney) même soin apporté aux chansons...) ou encore PHANTOM OF PARADISE (Disparaître derrière un double, avancer masqué pour mieux s'accomplir voire se venger et si possible en chansons !).

Pour les amateurs de cinéma d’animation, le nom de Mamoru Hosada est tout sauf inconnu. Ce prodige japonais du genre a d’abord fait ses armes en réalisant des épisodes de séries aussi connues que « Dragon Ball Z » aux studios Toei avant de se lancer dans le long métrage animé avec notamment un des épisodes de la saga « One piece »... Après un rendez-vous raté chez Ghibli (on y avait pensé à Hosada pour réaliser « Le château ambulant ») il passe un temps chez Madhouse où il signe des films remarqués comme « La traversée du temps », avant de se lancer en 2011 dans la grande aventure de sa propre maison : Studio Chizu voit ainsi le jour et marque d’emblée les esprits avec « Les enfants loups, Ame et Yuki » en 2012 puis « Le garçon et la bête » en 2015, « Mirai ma petite sœur » en 2018, (nommé aux Oscars l’année suivante), et donc « Belle » en 2021...

On retrouve dans ce dernier film des influences diverses qui ramènent au conte de fée, tout en lui donnant une résonnance moderne via la thématique des univers virtuels. On pense évidemment à « La Belle et la Bête » qui est abondamment cité, tant visuellement que narrativement mais le personnage du dragon renvoie lui à toute la mythologie japonaise vis-à-vis de cette créature millénaire. Elle a peuplé depuis toujours là-bas le cinéma fantastique, (« Godzilla » et consorts) mais aussi le cinéma d’arts martiaux (Bruce Lee était d’ailleurs surnomme « le petit dragon ») et bien entendu l’industrie de l’animation à commencer par l’œuvre de Myazaki par exemple dans « Le voyage de Chihiro » avec Haku...

Reste le versant plus sombre des inspirations de « Belle », comme la dualité de son personnage principal. Adolescente effacée ou superstar délurée ? Dans un pays où l’apparence ne doit rien trahir des émotions intimes, où le théâtre comme le Kabuki fige les visages derrière des masques exprimant sommairement les sentiments, il n’est pas étonnant d’en trouver trace ici. Le cinéma nippon, à ses tout débuts, a d’ailleurs adapté à l’écran des scènes du Kabuki classique...

Le modeste Mirai, ma petite sœur, avait laissé le spectateur un peu sur sa faim quant au cinéma d’animation de Mamoru Hosoda : ce dernier semble en avoir pris conscience, au point que le prologue de son nouvel opus laisse craindre un remake sans surprise de Summer Wars, par ...

Quelle séance... Le genre de séance qui vous fait rester jusqu'au bout du générique pour ne pas louper une miette. Le genre de séance qui vous fait rester quelques minutes devant votre cinéma, le temps de reprendre ses esprits, de savourer l'instant, de prendre pleinement ...

Ne croyez pas ceux qui, sur base d'un simple argument de départ, rapprochent Belle de Summer Wars, ou en feraient une simple suite. Car Belle est très loin de cela, même s'il y a dedans un monde virtuel en forme de réseau social. D'autres vous diront que Belle revient aux ...