URANUS

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Paru en 1948, Uranus de Marcel Aymé offre une peinture sans concession de la période de l’épuration. Le roman aligne une galerie de lâches, de délateurs, de profiteurs de guerre, de résistants de la dernière heure et autres collabos planqués, dans une petite ville, à l’heure de la Libération en 1945.

Claude Berri, qui venait d’adapter Pagnol avec Jean de Florette et Manon des Sources, décide de porter à l’écran l’ouvrage en respectant très largement le texte original. Pour faire vivre tous ces personnages, il s’offre une affiche prestigieuse où Philippe Noiret côtoie Michel Blanc et Gérard Depardieu Jean-Pierre Marielle ou encore Michel Galabru.

Berri voit dans le texte d’Aymé, une sorte de fable. Son regard sur tous ces individus est moins dur que celui du romancier. Comme il le déclare à la sortie du film : « Je m’obstine à penser qu’il y a seulement une poignée de criminels de guerre, mais une majorité de victimes. Victimes d’erreurs de jeunesse, d’emportements idéologiques irréfléchis, victimes  aussi du hasard. J’éprouve pour eux de la pitié pas de la haine ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CORBEAU (Alors que la France était encore occupée par les Allemands, Henri-George Clouzot dénonçait les compromissions de ses concitoyens. Il en paiera le prix à la Libération.) ou encore LE CHAGRIN ET LA PITIÉ (On a reproché à "Uranus" de donner une vision trop lisse de l'Occupation et de l'après-guerre. A comparer avec ce stupéfiant portrait documentaire de Clermont-Ferrand entre 1940 et 1944.).

Claude Berri a été souvent interrogé sur les raisons d’adapter ce texte et le metteur en scène ne cessait de rappeler qu’il aimait les « histoires à hauteur d’homme qui ont une vocation universelle » comme celle-ci. Rappelant qu’il y a eu beaucoup d’oeuvres sur la Résistance, le cinéaste expliquait :« j’ai bien conscience qu’il y a eu des résistants, des communistes extraordinaires… et pas seulement le petit monde lâche et hypocrite d’Uranus, mais le propos du film est d’évoquer ces gens dont on n’a peu parlé. » Pour autant, il ne voulait pas vraiment faire le tableau d’une époque. D’où le choix de faire appel à autant de stars : « pour ne pas tomber dans le cinéma réaliste, pour faire des personnages autant d’archétypes. J’aime les acteurs et je crois que, à un moment donné, le personnage fait oublier l’acteur : il n’y plus d’art ».

Berri s’est beaucoup impliqué dans l’adaptation et, si l’essentiel du texte romanesque est respecté, le réalisateur du Vieil homme et l’enfant a apporté quelques retouches. Il a en particulier remanié le personnage de Gaigneux qu’interprète Michel Blanc en en faisant un communiste démocrate alors qu’il ne l’est pas du tout dans le livre. Marcel Aymé tirait en effet à boulets rouges sur tous les communistes dans son ouvrage. Berri, en souvenir de son père, qui votait communiste à l’époque, et de ce que représentait alors le « parti des 75000 fusillés » a préféré adoucir le profil du personnage.

A sa sortie, Uranus a été bien accueilli par la presse d’une façon générale. Dans les pages de Libération Serge Daney fait clairement savoir qu’il n’apprécie pas le film. Claude Berri intente alors une action en justice et finira par obtenir un droit de réponse dans le journal. A posteriori, le comédien Philippe Noiret ne garde pas le meilleur souvenir du film. Dans ses mémoires, il confie « je ne suis pas très heureux de ce que j’ai fait dans Uranus parce que je trouve que, bien que Claude (Berri) soit comédien et très bon comédien, il ne m’a pas très bien dirigé. » Il ajoute : « je me suis trouvé grandiloquent et faux. Au fond, j’ai le sentiment que le point de vue de Marcel Aymé sur la façon dont s’est déroulée l’épuration n’était pas totalement assumé ; ce qui donnait l’impression de se trouver devant des marionnettes, des personnages artificiels. »

Après ses adaptations de Pagnol, Claude Berri livre une comédie dramatique d'après un bouquin de Marcel Aymé paru en 1948 qui raconte les règlements de compte entre plusieurs habitants d'une petite bourgade française juste après la guerre. Autrement dit, Berri fait revivre ...

Marcel Aymé ne manque pas d’audace pour publier en 1948 Uranus. Il éparpille, par petits bouts façon puzzle, le rassurant mythe gaulliste de la France unifiée et combattante, libérée et réconciliée. Souvenez vous de la voix emphatique du Général : « Il y a un pacte ...

Quel film ! Quels acteurs ! A la Libération, les villages détruits réunissent parfois sous le même toit les collaborateurs pourchassés, les résistants de la dernière heure ou les communistes, de l’idéologue à la répugnante petite main couverte de sang en passant par ...