UN CRIME AU PARADIS

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Un brave paysan philatéliste et ami des chèvres vit dans la haine conjugale avec sa moitié qu’il réduirait bien au tiers. Ils se haïssent pour le pire et pour le pire. Mais comment s’en débarrasser?

Jacques Villeret et Josiane Balasko en pleine guerre conjugale livrent une partition inspirée du grand Sacha Guitry, sous la direction de Jean Becker dans une oeuvre intitulée « Un crime au paradis ».

Cette comédie noire, disons gris foncé, est sortie en 2001 et elle reconstitue le tandem Becker à la réalisation/Japrisot au scénario qui triompha vingt ans auparavant avec « L’été meurtrier » puis avec « Les enfants du marais » en 1999. Attention, ça pique les yeux.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CHAT DE PIERRE-GRANIER-DEFERRE (1971) (Le plus célèbre film de guerre conjugale en France. L'affrontement domestique Gabin/Signoret sur fond de vieilles rancoeurs accumulées est un impressionnant spectacle de désamour. La misanthropie du film est un héritage du roman dont il est inspiré, signé de Simenon.) ou encore LA POISON DE SACHA GUITRY (Le film qui a inspiré "Un crime au paradis" , oeuvre d'un humour noir, très noir, où Sacha Guitry brocarde l'opinion publique, les tribunaux et le meurtre domestique comme mode de divorce. Michel Simon y est extraordinaire et il sera le modèle de Jacques Villeret.).

Amis de la cinéphilie joyeuse et tolérante, la question du jour est: « Un crime au paradis » est-il un remake? Si l’on se réfère au film de Sacha Guitry, « La poison », sorti en 1951, on va dire que c’est le cas. D’ailleurs Sébastien Japrisot a écrit une adaptation d’après le scénario original. Mais Becker est un gentil quand Guitry pouvait être rosse et ce d’autant plus que « La poison », film misanthrope, tirait sur l’opinon publique et la justice corrompue. N’oublions pas que le maître avait été arrêté à la Libération. Donc le film de Becker est une adaptation light, très France des régions et des villages classés, d’une des oeuvres les plus méchantes de Sacha. Il a d’ailleurs été tourné en décors naturels à Savigny, une commune du Rhône.

Au départ Becker voulait se lancer dans une nouvelle version des « Trois mousquetaires ». Mais faute de se trouver un casting et un producteur, il s’est alors tourné vers une autre oeuvre de patrimoine. Les films de haine conjugale sont toujours d’une actualité brûlante et universelle. On se souvient du « Chat » de Pierre Granier-Deferre ou « La guerre des roses » de Danny de Vito. Contacté, Jacques Villeret fait des petits bonds de joie: « La poison » est son film de chevet et il connait les répliques de Michel Simon par coeur.

De son côté Josiane Balasko habituée à jouer les victimes et les godiches, jubile d’incarner une méchante. C’est elle qui suggère à Becker d’enlaidir son personnage en lui rajoutant un poireau sur le visage. Côté musique c’est le chanteur Pierre Bachelet qui signe la partition, lui qui avait déjà travaillé avec Lautner, Annaud et Leconte. C’est sa dernière composition pour le cinéma, il disparaitra en 2005. C’est aussi le dernier script de Sébastien Japrisot qui s’éclipsera lui, en 2003. Le paradis décidément est meurtrier.

Il y a deux films en un : l'avant et l'après meurtre. La 1ère partie m'a semblé lourde des tensions et de la malignité du personnage de Balasko, avec la pitié que l'on éprouve pour celui de Villeret. La 2e partie est en totale contradiction avec la 1ère dans le sens où ...

Lorsque l’on parle de films typiquement français, on pense souvent à Jean Becker, le réalisateur de « la Tête en Friche », de « Dialogue avec Mon Jardinier », de « Effroyable jardin » ou encore des « Enfants du Marais ». Cet homme est coutumier des films à dialogue ...

Le regretté Jacques Villeret nous offrait dans cette opposition avec Josiane Balasko une très bonne prestation d'acteur. Tantôt pitoyable, naïf, manipulateur, attachant, repoussoir, Jacques Villeret usait sans abuser des palettes offertes à un acteur pour servir sa performance ...