TOM

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Une écrivaine de métier adapte à l’écran le roman à succès d’une consœur. C’est le projet derrière Tom de Fabienne Berthaud, d’après Tom, petit Tom, petit homme, Tom de Barbara Constantine. Si la réalisatrice tourne des films depuis près de 20 ans (Frankie, son premier long-métrage, date de 2006), elle a d’abord écrit des livres. En 2004 sort Pieds nus sur les limaces, qu’elle met en images 6 ans plus tard, en 2010, avec Diane Kruger et Ludivine Sagnier. Une histoire de deux sœurs paria et anormales, livrées à elle-même après le décès soudain de leur mère. C’est la même année qu’est publié Tom, petit Tom, petit homme, Tom de Barbara Constantine, un récit à bien des égards semblables à celui du livre et film de Fabienne Berthaud. Encore une histoire de parias vivant à la marge, cette fois une jeune mère et son fils. Une drôle de connexion lie ces deux autrices, aboutissant en 2021 avec Tom.

On sait Fabienne Berthaud réalisatrice sensible et authentique. Tous ses films sont des portraits de femmes en lutte, contre les hommes, contre le destin, contre la dureté de la vie. Tom ne déroge pas à la règle, car si le protagoniste est bien le petit enfant qui donne son nom au film, Fabienne Berthaud accorde une part importante de son récit à sa mère, Joss, enfant de la DDASS qui a eu son fils trop jeune et qui peine à joindre les deux bouts. C’est ainsi que le Tom s’ouvre sur le quotidien de Joss et Tom : un mobil home niché au cœur d’une forêt, à l’écart de la ville. La relation entre Tom et sa mère n’est pas au beau fixe. Joss rêve d’un emploi d’assistante sociale et cherche à se caser avec un homme qui pourrait la sortir de sa situation. Tom a des très bonnes notes à l’école mais passe le plus clair de son temps seul dans la nature ou à accompagner sa mère au PMU du coin. Un postulat de départ qui rappelle celui de Rosetta des Frères Dardenne. 20 ans séparent ces deux films, mais la galère pour les marginaux est la même. Fabienne Berthaud filme comme ses confrères belges les luttes de tous les jours de Tom et Joss, la caméra rivée sur ses personnages. 

Tom se démarque toutefois de sa lointaine cousine Rosetta en assumant complètement ses liens avec le genre du conte pour enfants. On ne voit jamais à l’école ce quasi Enfant sauvage, pour faire écho à une autre adaptation, celle des Mémoires et rapport sur Victor de l’Aveyron de Jean Itard par François Truffaut. Fabienne Berthaud filme Tom comme un enfant solitaire, qui n’a pour seuls amis que les arbres, les animaux et insectes qui l’entourent. Il n’y a aucun autre enfant dans l’univers de Tom, qui ne côtoie que des adultes. Ses activités sont la chasse aux Perdrix, le chapardage de pommes de terre et la pêche à l’écrevisse. La rencontre avec Madeleine, vieille femme, elle aussi solitaire, qui vit dans un grand manoir vide avec ses chiens, parait sortir d’un conte. Plus fée que sorcière, elle va rabibocher dans un “happy ending” Tom et sa mère Joss, et réunir cette dernière et Samy, père et amant subitement réapparu après sa sortie de prison.

Si Tom réussit à émouvoir, c’est autant par la mise en scène de Fabienne Berthaud que par sa galerie d’acteurs irréprochables. La cinéaste avait noué une relation particulière avec Diane Kruger, qu’elle a dirigée dans ses trois premiers films. En 2019, elle embarquait Cécile de France en Mongolie pour une histoire de choc culturel et spirituel dans Un monde plus grand. Tom est lui plus modeste. Aucune star au casting, mais trois grands espoirs du cinéma français : Tanguy Mercier (Tom), Nadia Tereszkiewicz (Joss) et Félix Maritaud (Samy). A eux trois ils arrivent à former une famille crédible et pleine d’espoir, alors même qu’elle apparaissait dysfonctionnelle dans les premières minutes du film. Ce n’est pas un hasard si on retrouve aujourd’hui ces trois mêmes acteurs dans de nombreuses productions francophones.

Un film doux, léger et plein de beauté. Ça parle de l'amour familial, comment les moments simples du quotidien, rendent heureux. C'est aussi comment une famille peut se reconstituer autour d'un enfant, comme lien entre les deux parents. Il y a aussi l'aide que ...