MUSARANAS

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Mondse, une jeune femme à la beauté déjà fanée, qui souffre d’agoraphobie et ne sort jamais de chez elle a élevé sa propre sœur à la mort de leur mère. Ne supportant pas que sa cadette devienne une femme, elle la punit sévèrement. Un jour, un voisin blessé trouve refuge chez elles et Mondse le séquestre dans la chambre parentale car elle est tombée amoureuse de lui et ne veut plus qu’il parte… 

Produit par Alex de la Iglesia, Musarañas est le premier long métrage de Juanfer Andrés et Esteban Roel. Cette série B espagnole, dont l’introduction en voix off relate les souvenirs d’enfance de la petite, lorsque sa grande sœur lui lisait chaque soir des histoires horribles, annonce assez vite la couleur avec la folie du personnage principal Mondse, dont on comprend au jeu très expressionniste de la comédienne Macarena Gomez, d’où elle vient et même où elle risque fort de mener.
Esthétiquement et même thématiquement, le film prend son ancrage dans l’époque à laquelle il se situe : l’après guerre civile espagnole, le franquisme et ses abus sourds à peine cachés sous le masque de l’autorité patriarcale. Les décors marrons, beiges et bistre de l’appartement aux multiples crucifix et chromos, les vêtements sombres et coiffures en chignons : tout revêt l’aspect joliment reconstitué d’une photo de famille couleur sépia des années 1950.

Les deux jeunes scénaristes et réalisateurs se placent sous l’égide de nombreux films de l’histoire du cinéma, Luis Buñuel semble flotter en lointaine figure tutélaire et on reconnaît aussi les influences de Cria Cuervos (1976) et Elisa Vida Mia (1977) de leur compatriote Carlos Saura, situés à la même période et brassant les mêmes traumatismes. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE DE ROBERT ALDRICH (1962) (Film centré sur deux soeurs vivant ensemble dans le même appartement où rôdent la folie et d’anciennes culpabilités.) ou encore CRIA CUERVOS DE CARLOS SAURA (1976) (L’histoire d’une famille espagnole dans le contexte de l’immédiate après guerre et du franquisme.).

Apparu au yeux du public en 1992 avec son premier long métrage Action Mutantes, Alex de la Iglesia a creusé son sillon de réalisateur spécialiste de l’outrance et de l’humour noir dès son film suivant, Le Jour de la bête, qui connut un énorme succès international, jusqu’aux Sorcières de Zugarramurdi en passant par Mes chers voisins, 800 Balles, Le Crime farpait, Ballada Triste ou Un jour de chance.

En produisant le premier film des jeunes réalisateurs de court métrage Juanfer Andrés et Esteban Roel, Alex de la Iglesias refait pour eux ce qu’avait fait pour lui Pedro Almodovar, puisque c’est ce dernier qui produisit Action Mutante, la comédie gore qui lui mit le pied à l’étrier. Et, de fait, il y a dans Musarañas une forte influence grand guignol qui fait penser à la fois aux débuts d’Almodovar et à ceux de De La Iglesia, et à la tradition fantastique latine et sud américaine. Mais les références sont aussi à aller chercher du côté des Etats-Unis, dans des films qui ne sont pas ouvertement du genre fantastique mais en empruntent certains ressorts.

On pense fréquemment, devant les violences régissant les rapports de Mondse et de sa cadette, aux relations hystériques et houleuses entre les deux sœurs de Qu’est-il arrivé à Baby Jane de Robert Aldrich (1962) qui mettait face à face Joan Crawford et Bette Davis. Et, dans le lien de Mondse avec son malade qu’elle immobilise d’une façon peu orthodoxe, on sent planer l’horreur imaginée par Stephen King et mise en scène par Rob Reiner dans Misery (1990). Musarañas a voyagé dans de nombreux festivals tels ceux de Londres, Bruxelles, Hong Kong et Toronto, mais sa sortie en salle fut limitée à l’Espagne et aux territoires hispanisants, il était donc inédit en France. 

Álex de la Iglesia et sa compagne Carolina Bang ne se sont pas trompés en produisant le premier long de Juanfer Andrés et Esteban Roel tant le script tient toutes ses promesses. Ce n'est pas un film d'horreur à proprement parler, sauf à considérer que l'horreur se tapit au ...

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Si le début m'a parut un peu long et laborieux, la fin vaut son pesant de cacahuètes. Une histoire prenante, à la fin un peu téléphoné. La folie est ici glaçante et bien mise en scène et la folle en question particulièrement effrayante. Elle n'a pas grand chose à envier ...