Who’s That Knocking at my door ? littéralement "Qui frappe à ma porte ?" est officiellement le premier long métrage du grand Martin Scorsese. Il est aussi considéré comme la répétition générale de son premier grand film Mean streets. On peut aussi penser que c’est un film de transition entre ses cours et ses longs. D’abord par sa structure narrative, proche de la nouvelle vague française ou du naturalisme à la Cassavetes. On ne raconte rien, on montre. Mais c’est aussi une addition de courts métrages pour la bonne raison que le cinéaste, vaille qui vaille, a mis quatre ans à boucler son film.
Tournant, montant, remontant, retournant au gré des circonstances, changeant de titre, le cinéaste a fini par rendre sa copie. Le film est donc connu sous les titres intermédiaires de JR (du nom de son héros) et de I Call first, " J'appelle en premier ". Il faut noter que, dans le titre définitif, aucun point d’interrogation n’apparaît, car un titre sous forme de question est considéré dans le spectacle comme portant la poisse… A ce stade, il s’agit moins d’un film autobiographique que du journal d’un jeune cinéphile racontant la vie de son pote Harvey Keitel, son quartier, Little Italy, sa communauté, les Italo-américains, et son rapport au sexe, à la violence et à la religion.
Le film fut tourné avec l’aide bienveillante de Haig Manoogian, professeur de Scorsese à la NYU. Le financement fut assuré par un prêt de 6000 dollars et quelques bonnes volontés. Harvey Keitel était déjà un acteur professionnel, qui avait fait une apparition dans Reflets dans un œil d’or, de Huston, et tourné dans une série télé. Après cinq années d’un dur labeur, le cinéaste finit par trouver un petit distributeur qui exigea une scène de nu pour sortir le film. Cette scène torride fut tourné en 1969 à Amsterdam. En attendant d’enchaîner à Hollywood, l’apprenti cinéaste donna quelques cours à l’université. Trois ans plus tard il tournait Boxcar Bertha pour les Corman. Cette fois la porte était grande ouverte.