THE GENTLEMEN

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Au vu de la filmographie de Guy Ritchie depuis 2010, il y avait de quoi oublier d'où le réalisateur venait. D'une relecture de Sherlock Holmes à celle de la série télé Des agents très spéciaux en passant par la version live d' Aladdin, Ritchie a beau avoir signé d'efficaces films de divertissement, ce Britannique n'en était pas moins dans un exil américain. 

Avec The Gentlemen, Ritchie a décidé de revenir chez lui, et de renouveler son passeport de cinéaste iconoclaste. Cette plongée dans le milieu du gangstérisme à l'anglaise, entre embrouilles entre gangs et arcanes du business n'est pas pour autant qu'un bain de jouvence. 

Si l'univers est le même que Arnaques, crimes et botanique et Snatch, les deux films qui ont imposé Ritchie à la fin des années 90 comme un nouveau patron de la comédie policière, The gentlemen ne revient pas tout à fait aux sources en faisant le portrait d'un monde criminel rongé par la gentrification. The gentlemen se teintant dans son analyse d'une mondialisation de la cupidité, d'une amertume comme d'une nostalgie du code d'honneur des voyous à l'ancienne. Comme si Ritchie, un des plus joyeux enfants terribles du cinéma anglais, avait gagné en maturité avec son film le plus désabusé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DU SANG SUR LA TAMISE (40 ans avant The Gentlemen, un autre polar anglais s'inquiétant de la nouvelle hiérarchie sociale dans le monde du gangstérisme) ou encore MAINS BASSE SUR LA VILLE (Un autre film sur les méfaits de la gentrification de la pègre, italienne cette fois-ci).

Avec The gentlemen, Guy Ritchie revient a une narration éclatée entre de multiples protagonistes qui avait été sa marque de fabrique pour Arnaques, crimes et botanique ou Snatch, mais avec une touche différente. Est-ce que ce sont ses années passées à travailler pour des studios américains ou son regard sur un monde qui a profondément changé socialement, culturellement ou politiquement, toujours est-il que The Gentlemen s'extirpe des immersions de Ritchie dans la pègre purement britannique pour faire graviter autour d'un magnat de la drogue américain, un gang asiatique et des marlous cockneys, la traditionnelle guerre de clans ayant mué en OPA sur les plantations de cannabis. Le plan de Ritchie étant bien de revenir à ses racines, mais sans en occulter l'évolution de ses mœurs et manières. 

Les choses n'étant plus vraiment les mêmes dans le milieu de nouveau observé par Ritchie, il ne pouvait pas les filmer de la même manière qu'à l'époque d'Arnaques, crimes et botanique. A l'image de Michael Pearson, le personnage interprété par Matthew Mc Conaughey, gangster désormais drapé en gentleman farmer, la mise en scène de The gentlemen s'est décrassée. Sans tout à fait renoncer à des effets de montage dynamique ou à un ton goguenard, Ritchie met définitivement en avant dans son onzième film une écriture de dialogues, que ne renierait pas un Tarantino. Jusqu'à revenir encore et encore sur le moindre mot, en réécrivant souvent les tirades énoncées par Hugh Grant ou Mc Conaughey, les poussant à trouver chacun la musicalité de leurs rôles. Grant ayant pourtant dû improviser quand un voleur fractura sa voiture, dérobant les nouvelles pages de dialogues qu'il devait apprendre pour le lendemain. 

Ritchie autorisa plus de temps à ses comédiens pour se plier à une autre de ses marottes : la mode. La majorité des comédiens ont portés des vêtements et accessoires de grandes marques, quand le metteur en scène n'a pas fait faire sur mesure des costumes et chaussures pour Mc Connaughey, Grant, Charlie Hunnam et Henry Golding. Le résultat étant au dela de ses éspérances : Ritchie était dans une telle admiration devant la paire de Louboutin portée par Golding, qu'il modifia le plan de tournage de plusieurs séquences pour qu'elles soient filmées plein cadre. Une manière de confirmer qu'avec The gentlemen, il avait retrouvé chaussure à son pied.

Si l'on avait - comme à peu près tout le monde - apprécié les deux premiers films de Guy Ritchie ("Lock, stock and two smoking barrels" et surtout "Snatch", avec une performance mémorable de Brad Pitt), il faut bien reconnaître que la suite de la carrière de l'ex- mari de ...

Certains considèreront Le Roi Arthur : La Légende d'Excalibur et Aladdin comme des errements de la part de Guy Ritchie. Ils se montreront donc méfiants devant un film se prévalant de son nom à la réalisation. Mais ils seront ravis de lire sur Sens Critique que The Gentlemen, ...

Le créneau de Guy Ritchie est connu, et le réalisateur est de ceux dont la perspective d’un nouveau film peut fatiguer : on sait, dès la bande-annonce, quel sera le sujet (des gangsters), les ingrédients (un casting all stars) et la sauce (un formalisme poussif). On serait ...