SEX IS COMEDY

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Le cinéma c'est parfois aussi un miroir pour les réalisateurs. Après avoir vécu les expériences singulières de Romance puis d'A ma sœur, deux films pris entre les feux de fortes polémiques et d'un accueil critique très favorables, Catherine Breillat se lança dans une forme de mise au point avec Sex is comedy. 

Ce récit du tournage quelque peu chaotique d'un film, entre les comédiens qui se détestent mais doivent jouer une passion enflammée et la relation compliquée entre une réalisatrice aussi troublée qu'agacée par un acteur capricieux a des airs de journal de bord de ce qu'à vécu Breillat sur ses deux films précédents. 

A la fois introspection et revendication de ses méthodes de travail, Sex is comedy n'est pas éloigné d'un remake personnel de La nuit américaine, à la fois mode d'emploi du monde du cinéma et d'une réalisatrice particulière mais surtout, un étonnant autoportrait fait d'orgueil et d'autodérision, à l'image de son auteur aussi bravache que fragile.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BOOGIE NIGHTS (Comme Sex is comedy, une chronique des coulisses du cinéma lorsqu'il ne tourne plus rond.) ou encore CA TOURNE À MANHATTAN (Dans une veine plus comique, un même regard sur les difficultés d'un réalisateur à tourner son film).

Sex is comedy a connu un titre de travail des plus parlants : Scènes intimes. Il fallait forcément le lire dans plusieurs sens quand le dixième film de Catherine Breillat revient autant sur un des incident rencontrés lors du tournage d'A ma sœur, autour d'une scène de sexe qui posa problème à ses acteurs que sur la nature même du cinéma de la réalisatrice interrogeant encore et encore, la question des limites des rapports humains. Sans oublier une part d'autocritique de Breillat, marquée par les très fortes réactions déclenchées par ses deux derniers films.

Est-ce qu'il faut voir en Jeanne, la metteuse en scène du film dans le film, une alter ego de Breillat répondant à ses détracteurs, voyant en elle une simple provocatrice ou alimentant une réputation de tortionnaire d'acteurs sur ses plateaux ? Ou une variation cinglante des traditionnels making of de film ? Des questions qui prennent un tour vertigineux que ce soit par la présence de Roxane Mesquida, actrice d'A ma sœur jouant cette fois-ci son double de fiction ou par la performance d'Anne Parillaud qui devient peu à peu un troublant sosie de Breillat. 

Ce curieux exercice d'autobiographie où l'on ne saurait dire ce qui restitue ou réécrit ce qui s'est passé à l'époque d'A ma sœur fonctionne donc comme des poupées russes autour de la personnalité de Breillat, cinéaste réputée pour se cacher les yeux quand elle lance les prises de vues de ses films mais qui se dévoile pleinement ici en n'abandonnant pas ses thématiques récurrentes (les rapports de force homme-femme, les contradictions entre le désir et la sexualité, la difficulté de s'aimer à travers les autres...) tout en autoanalysant ses angoisses ou sa relation avec les acteurs. Le résultat est attachant tant il contraste avec la personnalité publique de Breillat, très forte en gueule, théorisant beaucoup les choses : Sex is comedy étant pétri d'incertitudes et d'ambiguités : celle de lever à la fois de manière franche le voile sur la fabrication d'une scene de sexe au cinéma et de nourrir le mystère d'une réalisatrice n'est pas la moindre.