MEURTRE À HOLLYWOOD

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En 1968, avec La Party, porté par un Peter Sellers déchaîné, Blake Edwards avait concilié le burlesque avec la satire et réussi une des meilleures comédies sur l’univers hollywoodien des sixties. Vingt ans après, avec Meurtre à Hollywood, il propose une évocation des studios à la fin du muet et s’offre le luxe de réunir dans son scénario une superstar de l’écran, Tom Mix, avec une légende de l’Ouest, le marshall Wyatt Earp.

Les deux personnages amenés à collaborer pour les besoins du tournage d’un western, vont voir leur complicité renforcée lorsqu’ils se trouvent embarqués dans une affaire de meurtre commis dans un bordel. Pour le rôle de Tom Mix, gloire du cinéma muet, resté célèbre pour son grand chapeau et ses chemises brodées, Blake Edwards retrouve Bruce Willis qu’il avait dirigé l’année précédente dans Boire et déboires. A ses côtés, pour celui du vainqueur du règlement de compte de OK Corral, il choisit James Garner une des têtes d’affiche de son Victor Victoria. 

Quant à Jennifer Edwards, qui interprète l’un des principaux rôles féminins, c’est la propre fille du cinéaste, ici dans un personnage bien loin de celui de Heidi qu’elle avait incarné dans un téléfilm à l’âge de dix ans.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BOIRE ET DÉBOIRES (Une comédie de Blake Edwards également interprétée par Bruce Willis.) ou encore THE WILD PARTY (Un film de fiction qui se situe à Hollywood à la fin des années 1920.).

Enfant, Blake Edwards se régalait des films de Tom Mix, plus tard, au début de sa carrière, il a lui-même écrit des  scénarios de westerns. Meurtre à Hollywood occupe ainsi une place particulière dans sa filmographie.

Le titre original du film Sunset, qui signifie crépuscule, renvoie bien sûr au célèbre Sunset Boulevard où Billy Wilder rendait lui aussi hommage au cinéma muet et à ses stars déchues. Sans nostalgie, mais avec une petite pointe de mélancolie, Meurtre à Hollywood donne l’occasion à Blake Edwards d’évoquer une période héroïque de Hollywood et de filmer dans des lieux légendaires : le Bell Ranch où furent tournés de nombreux  westerns, le Hollywood Park Memorial où sont enterrées les vedettes du muet et le Hollywood Roosevelt Hotel, où se déroula la première cérémonie des Oscars. Mais cette réalisation qui navigue entre western, film noir et comédie policière ne vise pas la reconstitution appliquée. Blake Edwards reprend une nouvelle fois un de ses thèmes fétiches, celui de l’identité. Film dans le film, rencontre entre un être réel et son double de fiction, Meurtre à Hollywood déploie de multiples jeux de miroirs et invite à réfléchir sur les rapports entre vérité et mensonge, apparence et réalité. À l’image de Mariel Hemingway qu’on découvre vêtue d’un smoking d’homme, telle Julie Andrews dans Victor Victoria, les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils ont l’air d’être ou ce qu’ils croient. De même, le détestable producteur, interprété par Malcolm McDowell, le protagoniste d’Orange mécanique, a commencé sa carrière comme un sympathique clown acrobate. Et sous l’image du héros de l’Ouest, qui est vraiment Wyatt Earp ?

Enfin, si le film colle dans l’ensemble à la réalité historique, c’est « à un ou deux mensonges près », pour reprendre une de ses répliques. Ainsi, Wyatt Earp mort en janvier 1929 n’aurait jamais pu assister à la première cérémonie des Oscars qui certes a eu lieu cette même année, mais au mois de mai. En revanche, pour la petite histoire, dans la « vraie vie », Tom Mix a bien connu Wyat Earp et il a même porté son cercueil lors de son enterrement.