LES CHOSES DE LA VIE

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"Les jeux sont faits : 1970 restera l’année des Choses de la vie", écrivait Gilles Jacob dans les Nouvelles littéraires, six jours seulement après la sortie du nouveau film de Claude Sautet. A 46 ans et après 20 ans de carrière, cet ancien élève de l’IDHEC – qu’il abandonna en cours de route – rencontrait, enfin, le succès. Jusqu’à présent, en effet, chacune de ses tentatives – Classe tous risques (1960), l’Arme à gauche (1965) – s’était soldée par des échecs qui l’avaient poussé à abandonner définitivement la réalisation pour retourner à sa condition de "ressemeleur de scénarios", comme l’avait surnommé Truffaut pour évoquer ses activités de "script doctor".

C’est alors que son ami Jean-Loup Dabadie glisse sous sa porte le scénario qu’il vient d’écrire, d’après le dernier roman de Paul Guimard, dans l’unique but de savoir quel cinéaste pourrait bien s’y intéresser. A 30 ans à peine, Dabadie vient d’essuyer deux refus, dont celui d’Alain Cavalier, et, encore journaliste, ne connaît pas grand-monde dans le métier. Dès le lendemain matin, Claude l’appellera et lui dira simplement : "Je voudrais revenir au cinéma avec ce film".

Voilà comment, au cours de l’été 1969, Claude Sautet dirigea Michel Piccoli et Romy Schneider, pour la première fois. Comme on le sait, ça ne sera pas la dernière. En revanche, et comme l’ignorait lui-même le réalisateur à l’époque, ses deux interprètes avaient déjà été mari et femme, trois ans plus tôt, dans la Voleuse, un sombre drame franco-allemand de Jean Chapot, dialogué par Marguerite Duras. Voici donc  les Choses de la vie, Prix Louis Delluc 1969.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE DESCENDANTS (2011) (Avec sa femme plongée dans le coma après un accident de bateau, Matt découvre la fragilité de son couple.) ou encore INTERSECTION (1994) (Remake très fidèle au film – donc pas au roman –, avec Richard Gere (Piccoli), Sharon Stone (Massari), Lolita Davidovich (Schneider).).

Bien que Dabadie et Sautet aient coécrit le scénario des Choses de la vie avec l’auteur du roman original, Paul Guimard, on peut vraiment parler d’une très libre adaptation. D’une part, le héros du livre n’est pas architecte mais avocat. D’autre part, le roman ne nous disait pas grand-chose d’Hélène, sa maîtresse, et rien du tout de Catherine, sa femme, l’une et l’autre très présentes à l’écran. Mais surtout, une fois dans le coma, ce n’est pas à ses proches d’aujourd’hui que pensait le héros du livre, mais à ceux d’hier : Aurélia, son premier amour de jeunesse, ce camarade de classe victime d’une épreuve aussi stupide que mortelle, ce soldat allemand qu’il tua pendant la guerre. En fait, le film tient tout entier dans un seul paragraphe du roman, celui où le héros imagine qu’une femme apprend par une lettre, que l'homme qu'elle aime a décidé de la quitter. Elle ne sait pas que celui-ci a écrit cette lettre dans un mouvement d'humeur vite oublié et qu’il l’a bêtement laissé trainer dans une poche de son costume...

C’est en mars 1969, dans les studios de Boulogne-Billancourt, que Claude Sautet rencontra Romy Schneider pour la première fois. Elle était en train d’y enregistrer les versions anglaise et allemande de la Piscine, le film de Jacques Deray qu’elle venait de tourner. "Cette fille [...] a les yeux qui brillent, je vais la prendre pour les Choses de la vie", déclara-t-il le jour même. La relation entre Claude et Romy fut si forte, si fusionnelle, que l’épouse du réalisateur, Graziella Sautet, en fut quelque peu troublée. Finalement, les deux femmes devinrent les deux meilleures amies du monde et le tournage se déroula dans d’excellentes conditions, Romy acceptant de se faire appeler "Rominette" par Sautet et même "l’autre chienne" – pour l’Autrichienne – par Piccoli ! La scène de l’accident fut, bien sûr, la plus complexe à tourner et occupa toute l’équipe pas moins de 18 jours !

Elément toujours très important chez Sautet, la musique du film est l’œuvre d’un débutant de 25 ans, nommé Philippe Sarde. C’est Raymond Danon, le producteur, qui lui avait conseillé de jeter un œil au roman et de rencontrer Sautet. Après avoir lu dix lignes, il composa une inoubliable mélodie, qui deviendra celle des Choses de la vie et sur laquelle Jean-Loup Dabadie écrira des paroles qu’interprèteront Michel et Romy. Sorti le même jour que l’Étau, d’Alfred Hitchcock, les Choses de la vie – dont les attachés de presse n’étaient autres que Bertrand Tavernier et Pierre Rissient – attirera, au total, près de trois millions de spectateurs.

Il est amusant de constater à quel point un titre aussi programmatique puisse résumer toutes les audaces que contient le film, tout en annonçant un désir de coller à une banalité qui pourrait rebuter. Avec Les choses de la vie, Claude Sautet trouve son style et installe la ...

En adaptant le roman de Paul Guimard, Les Choses de la Vie, Claude Sautet signe l'une de ses œuvres 8majeures, abordant la vie d'un Homme peu de temps avant un accident, où les apparences peuvent paraître trompeuses. C'est avant tout un bouleversant et passionnant portrait ...

Un scénario d'une simplicité frappante et d'une construction atypique : succession de tranches de vie, d'épisodes isolés ou d'impressions relatées en flash-back entrecoupant la scène centrale de l'accident, qui ouvre le film. Le tout magnifié par le style épuré de Sautet ...