LE ROI DE COEUR

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Totalement boudé à sa sortie en France, adulé aux Etats-Unis, Le Roi de Coeur de Philippe de Broca est une oeuvre à part dans la filmographie du réalisateur de L’Homme de Rio, du Magnifique ou encore de Chouans !

L’action de cette comédie en forme de conte philosophique se situe dans les derniers jours de la Première Guerre Mondiale. Le Britannique Alan Bates qui sortait tout juste de Zorba le Grec interprète ici un soldat écossais chargé de désamorcer une charge d’explosifs placée en secret par les troupes allemandes dans une petite ville de France. Les habitants ont fui et les aliénés ont investi la bourgade transformée en cité utopique où tous les rêves sont permis.

Pris pour Le Roi de coeur par cette joyeuse communauté d’allumés, le soldat rencontre ainsi toute une galerie de personnages loufoques et attachants : casque de pompier sur la tête Pierre Brasseur campe le Général Géranium, Micheline Presle une tenancière de maison close, Jean-Claude Brialy, le duc de trèfle, Michel Serrault un coiffeur… Philippe de Broca s’est même attribué un tout petit rôle : le caporal Hitler…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QU'AS-TU FAIT A LA GUERRE, PAPA? (Une dénonciation de la guerre par l'humour tournée la même année que LE ROI DE COEUR) ou encore LA VIE DE CHATEAU (Une comédie sur fond de guerre avec Pierre Brasseur et sur un scénario de Daniel Boulanger réalisée à la même époque).

A sa sortie en France, fin décembre 1966, Le Roi de Coeur a connu un échec total. Face à un box-office calamiteux, une journée d’entrée gratuite dans les salles avait été organisée mais n’avait pas plus attiré les spectateurs. Cet insuccès avait sérieusement affecté Philippe de Broca au point qu’il avait même envisagé d’abandonner le cinéma. Il avait pensé devenir pilote de brousse au Gabon et s’était mis au pilotage avant de renoncer à l’aventure… Alors que ce film était sa huitième réalisation, c’était à ses yeux son vrai premier film, il y avait mis beaucoup de thèmes , de personnages qui font partie de ses obsessions.  "Le Roi de Coeur c’est LE film que j'ai fait, un peu raté, mais avec des moments que j'aime vraiment", disait-il.

Sur le mode de la fable, Le Roi de Coeur dénonce l’absurdité de la guerre mais son propos va  encore au-delà. En questionnant la frontière entre la folie et la raison, les limites de la "normalité", le cinéaste  voulait épingler l’hypocrisie d’une morale inadaptée au temps présent. Et pas question de longs discours, les meilleurs arguments pour le réalisateur sont l’humour, la fantaisie, la poésie. La fête des fous qu’il met en scène a des accents surréalistes et la calèche tirée par un chameau évoque le fameux corbillard filmé par René Clair dans Entr'acte. De Broca rend aussi hommage au chef-d’œuvre du burlesque qu’est Monte la-dessus à travers les acrobaties sur le clocher du soldat Pumpick qui rappellent celles d’Harold Lloyd.

Mais alors pourquoi Le Roi de Coeur n’a-t-il pas trouvé son public en 1966 ? Le cinéaste a tenté de comprendre les raisons de ce rendez-vous manqué. "C'est de ma faute : le sujet était génial, mais je n'avais peut-être pas le génie pour le faire. Les personnages n'étaient pas toujours très bien cernés psychologiquement mais puisqu'ils étaient tous des fantasmes, des rêves ambulants…" Philippe de Broca s’est aussi demandé si cette fable n’avait pas été victime d’un malentendu : "les gens ont voulu y voir une comédie alors que c'était un film tragique. Il était prévu de les faire exploser à l’heure dite, mais je n'ai pas eu le courage de terminer le film comme ça". La déception du réalisateur a été heureusement adoucie par la très belle carrière du Roi de Coeurdans les circuits d’art et d’essai aux Etats-Unis. En pleine guerre du Vietnam, les étudiants américains l’ont reçu comme une sorte de film hippie. Plus tard, il a même inspiré une comédie musicale King Of Hearts, donnée à Broadway en 1978 !

J’ai donné mon cœur à ce Roi. Et j’ai été estomaqué. Parce que je m’y attendais vraiment pas. Le Roi de Cœur est un film français, pas le pays de la folie douce si on excepte Drôle de drame, signé Philippe de Broca, pas un visionnaire ou alors j’ai raté quelque ...

_"En cette période trouble, sombre, à l'heure où notre monde semble aller droit dans le mur, où l'humanité tend vers une folie aveugle, se détruisant à petit feu, où les individus perdent toute lucidité..." Je venais de voir au hasard ce film de guerre ...

Durant la première guerre mondiale, les habitants de Marville ont quitté les lieux, les allemands ayant caché une machinerie pour faire sauter le bourg. Un jeune soldat anglais, Plumpick, est envoyé sur place afin de désamorcer le mécanisme infernal. Or il ne reste plus à ...