JEANNE DU BARRY

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Jeanne du Barry fait partie de l'Histoire de France. Ou plutôt de ses coulisses, tant cette courtisane appartient aux zones grises du règne du Louis XV. A travers le parcours de cette roturière devenue la dernière favorite du roi, c'est une autre forme de politique à la française qui s'esquissait, celle de la diplomatie en chambre, du pouvoir par les charmes. L'ascension d'une jeune couturière dans les plus hautes sphères, est aussi le symbole d'une revanche de classe.

Au-delà de l'envie d'accomplir le rêve d'enfance de beaucoup de fillettes de devenir des princesses, c'est peut-être cet angle qui a guidé Maïwenn vers Jeanne du Barry. Jusque-là, l'actrice-réalisatrice avait toujours tournée autour des rapports de pouvoir (y compris dans la figure du couple) ou de hiérarchie sociale, son biopic d'une femme apprenant les codes d'un milieu pour mieux s'en émanciper l'y plonge plus pleinement.

A la fois luxuriant film en costumes et inattendu récit romantique d'une passion contrecarrée par les mœurs de la cour royale, Jeanne du Barry s'avère surprenant film d'époque quand il se fait chronique moderne du désir – d'amour, de reconnaissance, de rang- féminin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MADAME DU BARRY (En 1951, Christian-Jaque signait déjà un portrait de Jeanne Du Barry.) ou encore MARIE-ANTOINETTE (un autre film sur les coulisses de la cour de Louis XV, loin des sentiers battus).

A priori, rien ne rapprochait Jeanne du Barry et Maïwenn. Que la réalisatrice de Polisse ou Mon roi, regards très ancrés dans l'époque contemporaine s'intéresse aux jeux de pouvoir et de crinoline à la cour de Louis XV semblait même antinomique. Maïwenn s'est pourtant entichée d'une des plus célèbres des courtisanes, en découvrant le portrait qu'en fait Sofia Coppola dans son Marie-Antoinette. La comtesse du Barry n'y est qu'un second rôle (tenu par Asia Argento), mais Maïwenn a le sentiment de se refléter en elle, que ce soit dans une trajectoire sociale ou leur rapport de séduction aux hommes.

Quinze ans s'écouleront pour autant entre cette révélation et Jeanne du Barry. Dans un premier temps par blocage d'une Maïwenn se sentant illégitime pour se lancer dans le projet d'un biopic nécessitant une envergure ou des moyens considérables face auxquels elle fait un complexe d'infériorité. Ensuite par la difficulté de construire son casting. Si elle s'est réservée le rôle-titre, il lui faut trouver son roi. Après avoir essuyé le désistement de plusieurs acteurs français de renoms envisagés, Maïwenn décide de jouer le tout pour le tour et propose à Johnny Depp d'interpréter Louis XV. Une star américaine ayant perdu sa couronne, entre lourds échecs de ses derniers films et réputation sulfureuse, pour incarner un monarque français. Crime de lèse-majesté ? Plutôt le signe du caractère rebelle d'une actrice-réalisatrice. Probablement aussi, un trait signifiant l'esprit à contre-courant de son film.

Maïwenn devra pour autant se plier à certains usages sur Jeanne du Barry, abandonnant le style comme la technique de ses films précédents. Là où l'improvisation tant dans le jeu que dans les mouvements de caméra primaient chez elle, un temps de tournage réduit (contraintes pragmatiques de prises de vues faites dans le domaine de Versailles) ou l'utilisation du 35 mm, l'amèneront à repenser ses repères usuels de mise en scène. Pas de ton : Jeanne du Barry a beau être un film à part, par son ampleur économique ou son contexte historique, dans le corpus de Maïwenn réalisatrice, il n'en reste pas moins éminemment personnel d'une possible lecture en autoportrait à un refus de culpabiliser sur ses origines sociales.

Mauvaise langue, je craignais d’aller voir le dernier film de la talentueuse cinéaste Maïwenn dont j’avais beaucoup aimé les derniers films (‘Polisse’, ‘ADN’ entre autres). Comment allait-elle se dépatouiller de son biopic en costume ? Et Johnny Depp en Louis XV ...

Non, le nouveau film de Maîwenn n'est pas l'histoire de l'épicerie fine de la Comtesse du Barry, maison qui opère depuis 1908, dites-donc. Son autrice (elle n'est pas seule au scénario, tant mieux), actrice principale et réalisatrice a toujours été adepte ...

Le film s'échafaude sur une reconstitution à l'image d'un XVIIIème siècle recherché et panaché de couleurs : en témoignent les costumes garnis qui y sont représentés, dans un décor plus que réel car s'inscrivant dans l'unique château de Versailles. ...