DEUX SOEURS POUR UN ROI

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Cinéma et histoire faisant depuis toujours bon ménage, les amours tumultueuses d’Henry VIII ont régulièrement inspiré les producteurs du grand écran. Si son mariage avec Anne Boleyn, parce qu’il donna naissance à l’Angleterre anglicane, est resté dans les mémoires, on sait moins qu’Henry VIII fut également l’amant de l’autre fille Boleyn, Mary, de qui il aurait eu un fils, jamais reconnu. C’est cette histoire que la productrice Alison Owen décide de raconter en 2007, d’après le roman de Philippa Gregory : Deux soeurs pour un roi.

La belle idée du film, c'est évidemment de confier les rôles de ces soeurs rivales à Nathalie Portman, qui incarne Anne Boleyn, et Scarlett Johansson, qui joue Mary, probablement les deux actrices les plus convoitées de leur génération. La première est aussi brune que la seconde est blonde, mais toutes deux se sont longuement documentées sur leurs personnages. Du côté d’Henry VIII, la licence artistique est de mise, le réalisateur Justin Chadwick - dont c’est le premier long métrage - souhaitant montrer le souverain à travers le regard amoureux d’Anne et Mary Boleyn : soit un roi puissant et séduisant, incarné par Eric Bana, déjà vu dans la peau de Hulk, bien loin de l’image du souverain grassouillet transmise par les portraits du XVIème siècle.
 
Autre originalité pour un film d’époque : le choix de tourner au maximum en décors naturels. La plupart des scènes en extérieur ont ainsi été filmées dans de véritables châteaux et domaines anglais, comme l’Abbaye de Lacock ou le manoir de Great Chalfield. Quel que soit le soin apporté à la reconstitution historique, il y a fort à parier que votre attention sera largement accaparée par les coups de griffes que s’échangent dans ce film les superbes Nayhalie Portman et Scarlett Johanson...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE PRIVEE D'HENRY VIII ou encore ELIZABETH .

Qui dit film en costumes dit recherches poussées pour coller à la réalité de l’époque. En l’occurrence le XVIe siècle des Tudor, dont l’équipe artistique a trouvé trace dans les tableaux de Hans Holbein, portraitiste officiel de la cour d’Henry VIII.
Les décorateurs ont de leur côté choisi plusieurs demeures ayant réellement appartenu au roi, comme Knole House dans le Sud-est de l’Angleterre, qui disposait de 365 pièces : une par jour de l’année. Pavillon de chasse du souverain, la demeure fut utilisée par la production pour figurer les extérieurs du Palais de Whitehall, résidence de la Cour.

La productrice elle-même, Alison Owen, comptait une certaine expérience de la dynastie des Tudor, puisque c’est à elle que l’on doit Elizabeth de Shekar Kapur, un film consacré à la reine Elizabeth 1ère d’angleterre, fille d’Henry VIII et de… Anne Boleyn. C’est la grande injustice de l’Histoire : Anne Boleyn fut exécutée en partie parce qu’elle ne pouvait pas donner d’héritier mâle à Henry VIII, qui se verra finalement remplacé sur le trône par sa fille !

Quant au scénariste de Deux soeurs pour un roi, Peter Morgan, il fut cité à l’Oscar pour son travail sur The Queen de Stephen Frears. The Queen, alias Elizabeth II ! Peter Morgan avait déjà travaillé sur le personnage d’Henry VIII pour les besoins d’un téléfilm réalisé par Pete Travis, connu au cinéma pour le puissant Omagh.
Si la présence simultanée à l’écran de Scarlett Johansson et Nathalie Portman a tendance à éclipser le reste du casting, soulignons le soin apporté aux seconds rôles, notamment avec Kristin Scott Thomas, qui prête ses traits aristocratiques à Lady Elisabeth, la mère des deux sœurs Boleyn. Mais on ne saurait parler d’Henry VIII au cinéma sans évoquer les grands acteurs qui ont interprété le souverain : Charles Laughton, en 1933, dans La vie privée d'Henry VIII, d’Alexander Korda, et Charlton Heston, dans Le prince et le pauvre, réalisé en 1977 par Richard Fleischer. N’oublions pas l’incarnation la plus contemporaine, mais aussi la plus sexy du roi : on la doit à la BBC avec Les Tudor, une série dans laquelle c’est Jonathan Rhys Meyers qui prête son charisme au souverain. On est une fois de plus très loin de la réalité historique, mais quel plaisir...