DE SANG-FROID

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Novembre 1959, dans l’état du Kansas, une famille entière est assassinée par deux voyous sans réel mobile. Ce fait divers particulièrement odieux attire l’attention de Truman Capote, un des auteurs les plus doués de sa génération. Il se rend sur place et va méticuleusement suivre l’enquête de la police et reconstituer l’itinéraire des deux tueurs jusqu’à leur arrestation. Cinq ans et demi plus tard, après l’exécution des deux coupables, Capote publie son roman de non-fiction, comme il l’appelle, sous le titre De sang froid. Richard Brooks, un des géants du cinéma américain, est bouleversé par le bouquin et désire le porter à l’écran. Pour coller à l’authenticité du récit, il décide, contre l’avis de la production, de tourner en noir et blanc et d’engager deux acteurs inconnus alors : Robert Blake et Scott Wilson parce qu’ils ressemblent physiquement aux deux tueurs alors que Paul Newman et Steve Mc Queen avaient étés pressentis. Le résultat est proprement fascinant et nous entraîne au plus près du parcours des deux meurtriers. La mise en scène glaciale et soignée à l’extrême nous fait vivre presque de l’intérieur ce qui pousse des individus apparemment sains d’esprit  à devenir l’espace d’une nuit, des brutes sanguinaires. Brooks et, ce n’est pas le moindre paradoxe du film, en profite pour faire un réquisitoire contre la peine de mort qu’il juge totalement inadaptée.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES BLESSURES ASSASSINES (2000- JEAN-PIERRE DENIS) (Inspiré d'un authentique fait divers où les deux soeurs Papin, employées de maison dans les années 30, avaient sauvagement assassiné leurs deux patronnes sans raisons apparentes.) ou encore LE DAHLIA NOIR (2006 - BRIAN DE PALMA) (Un fait divers sordide inspire un romancier célèbre, James Ellroy, qui en fait un roman. Ce roman inspire un cinéaste non moins célèbre, Brian de Palma, qui le porte à l'écran.).

Richard Brook, né en 1912 à Philadelphie fait de brillantes études et devient journaliste, romancier puis metteur en scène de théâtre avant de servir dans la marine durant la deuxième guerre mondiale. Pour le cinéma, il signe d’abord des scénarios pour John Huston ou Jules Dassin avant de réaliser en 1950 son premier long métrage : Cas de conscience avec Cary Grant qui raconte l’histoire d’un chirurgien américain sollicité par un dictateur d’Amérique du Sud pour l’opérer d’une tumeur au cerveau. Le chirurgien doit-il sauver le tyran ? Tout le cinéma de Brooks se dessine déjà dans ce thème. Difficile de parcourir toute sa filmographie mais citons tout de même Bas les masques avec Humphrey Bogart en 1952, La chatte sur un toit brûlant en 1958 où il dirige Elisabeth Taylor et Paul Newman, Elmer Gantry le charlatan en 1960 qui vaudra à Burt Lancaster un Oscar de la meilleure interprétation. En 1977, il fait scandale aux yeux de l’Amérique puritaine en racontant les errances sexuelles du personnage incarné par Diane Keaton dans A la recherche de Mr. Goodbar.   

Grand pourfendeur des tares de la société américaine pour les uns, moralisateur et bourré de bons sentiments pour les autres, Richard Brooks ne laisse de toute façon pas indifférent. 

Pour en revenir à De sang froid, Brooks, hanté par son sujet et en totale osmose avec les personnages et les lieux, est allé jusqu’à tourner la scène de l’assassinat de la famille au complet dans la ferme des Clutter où s’était déroulé le crime.  Les photographies de famille que l’on peut voir dans les pièces de la maison des Clutter sont de véritables photos des membres de cette famille massacrée par les deux tueurs.

Impossible de parler de ce film sans évoquer Truman Capote, personnage aussi fascinant qu’inclassable. Romancier talentueux, il est également scénariste et même parfois acteur, son apparition dans Un cadavre au dessert de Robert Moore en 1976 est particulièrement fascinante. Le succès de De sang froid, qui s’est vendu à des millions d’exemplaires, ne lui a pas valu que des admirateurs. A un journaliste qui lui demandait ce que ça faisait de s’être fait autant d’argent sur un fait divers aussi sordide, Capote lui répondit du tac au tac : « Votre question est stupide ! C’est comme si on reprochait à un correspondant de guerre de toucher son salaire parce que la guerre n’est pas juste… »

Il n’empêche que De sang froid devait rester jusqu’à sa mort son œuvre la plus célèbre. Une semaine après l’exécution des deux tueurs avec qui il avait fini par se lier, il écrivait à Cecil Beaton, photographe attitré de la famille royale d’Angleterre, un de ses amis: « Perry et Dick ont été pendus mardi dernier. J'étais là parce qu'ils me l'avaient demandé. Ce fut une épreuve atroce dont je ne me remettrai jamais complètement ». Ces quelques mots étaient prophétiques. Truman Capote ne s'est jamais remis de ce livre et de cette plongée dans la réalité la plus noire. L’alcool et la drogue furent ses derniers compagnons et il devait mourir d’une overdose médicamenteuse à Los Angeles en 1984.

C'est lui qui m'a traumatisé durant toute ma jeunesse, m'obligeant parfois à me réveiller en sueur en pleine nuit, à enfouir intégralement ma tête sous des couches épaisses de draps, et ce même par des soirées caniculaires d'été. Robert Blake, et plus particulièrement ...

Tout de suite après la sortie triomphale du chef d’œuvre de Truman Capote, la question de l’adaptation se pose et un projet est lancé, réalisé par Richard Brooks dès l’année suivante, il faut battre le fer tant qu’il est chaud… Retranscrire la construction si ...

Rarement un film m'aura calmé comme celui-là. Je n'ai pas de critique à faire, c'est une grosse claque . Deux errants de la vie, laissés sur le bord de la route du rêve Américain, et qui ont entendu parler d'un trésor ... C'est un film qui n' a pas vieilli, à mon sens. Richard ...