DAVID ET MADAME HANSEN

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On ne recommence pas à vivre, on continue… Partant de ce principe, Alexandre Astier vous propose dans un instant un film étrange, dérangeant, drôle et bouleversant.

Il y joue un infirmier aux méthodes inhabituelles qui va prendre en charge une patiente elle aussi très spéciale. Une femme à la mémoire et à l’humeur vacillante, tantôt cassante, tantôt petite fille perdue. Le lourd secret lié à son passé va changer leur destin… Pour sa toute première réalisation, Astier offre à Isabelle Adjani un rôle qui rejoint la longue liste des personnages tourmentés incarnés par l’actrice. Leur duo, vous allez le voir, frôle parfois le drame et la pure comédie, dans un registre qui n’a rien à envier à certaines saillies de Bertrand Blier.

Provocation, insolence, détresse, chagrin et résilience, David et Madame Hansen brasse des thèmes que le cinéma grand public hésite généralement à aborder aussi frontalement. Entre drame et comédie, apprêtez-vous à une virée en Suisse à la fois vivifiante et dépaysante !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BOITE NOIRE (La mémoire nous joue parfois de drôle de tours et détours...José Garcia chez Richard Berry comme Isabelle Adjani chez Alexandre Astier vont devoir se confronter aux recoins les plus obscurs de leurs cervaux pour réapprendre à vivre...) ou encore MAFIA BLUES (Doit-on sortir des protocoles établis pour véritablement soigner son patient ? Drame ou comédie, la réponse semble être oui ! Billy Crystal comme Alexandre Astier, (l'un psychiatre l'autre ergothérapeute), cassent les règles et réussissent au final...).

Pour une surprise, c’est une grosse surprise ! Alexandre Astier, bouffon du roi et roi Arthur de la télé voulait depuis des années passer du petit au grand écran…Il a longtemps été question d’y adapter la série « Kaamelott ». Le projet reste d’actualité mais le comédien-réalisateur a préféré faire ses classes avec un sujet plus inattendu… 

David et Madame Hansen est à mille lieues de son univers habituel ou supposé tel. Evidemment, on y retrouve cette écriture très découpée, ces répliques cinglantes, drôles et cruelles qui ont fait le succès des aventures du compagnon de Merlin. D’ailleurs, la noirceur s’était peu à peu installée au fil des épisodes et des saisons de la saga « arthurienne ». Astier a creusé cette veine pour aborder les thèmes du deuil, de la blessure intime, de la folie et de la renaissance. Il lui fallait pour cela une comédienne qui soit tout à fait légitime dans ce registre à haut risque.

C’est peu dire qu’Isabelle Adjani est une spécialiste ! Cette Madame Hansen rejoint une galerie de personnages à qui elle a donné une dimension hors-norme, récompensée de façon indiscutable par 5 (oui 5 !) Cesar de la meilleure comédienne… Anna, maîtresse d’un alien dans Possession pour Zulawski en 82, Eliane, fille vengeresse d’une mère violée dans L’été meurtrier de Becker en 84, Camille, disciple méprisée de Rodin dans Camille Claudel de Nuytten en 89, Marguerite de France, souveraine sanglante dans La reine Margot de Chéreau en 95 et Sonia, enseignante preneuse d’otage dans La journée de la jupe de Lilienfeld en 2009. Isabelle Adjani à parfois payé chèrement cet entêtement à n’incarner que des femmes à la marge mais ses performances sont à chaque fois remarquables. Et dire que le rôle de Madame Hansen était au départ destiné à un homme et quel homme : Alain Delon ! Alexandre Astier avait écrit le rôle pour lui mais l’acteur lui a finalement fait faux bond. Si l’on peut regretter d’avoir manqué le grand retour du Guépard sur grand écran, on ne peut que se réjouir de constater que la lionne Adjani rugit encore et de belle manière…