CHIENS ÉGARÉS

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Deux enfants perdus et un chien trouvé errent dans les rues de Kaboul, dévastée par la guerre. Ils sont frères et sœurs et n'ont qu'une seule demande : aller en prison, où se trouve leur mère, afin d'y dormir et de rester auprès d'elle… La réalisatrice, Marzieh Meshkini, est l'épouse du cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf, qui est également son producteur et dont elle a été l'élève et l'assistante. Elle est par conséquent la mère de Samira et Hana Makhmalbaf, la première étant la réalisatrice de La Pomme (1998) et du Tableau Noir (2000) et la seconde ayant fait ses débuts à la mise en scène en 2008 avec Le Cahier, produit par papa et dont la scénariste n'est autre que maman… N'oublions pas que le deuxième des trois enfants Makhmalbaf, un garçon nommé Maisan, est photographe de plateau, chef opérateur et réalisateur de making of… Dans la famille Makhmalbaf, on fait bonne pioche à tous les coups. Chiens égarés est une fable poignante sur l'absurdité de la guerre et les violences faites aux enfants abandonnés et livrés à eux-mêmes dans des mondes anéantis. Le cinéma international, sous toutes ses formes et dans ses courants les plus divers, s'est souvent penché sur le sujet, de Jeux interdits de René Clément (1952) au Tombeau des Lucioles d'Isaho Takahata (1996), en passant par L'Empire du soleil de Steven Spielberg (1988).

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JEUX INTERDITS DE RENÉ CLÉMENT (1952) ou encore LE CAHIER DE HANA MAKHMALBAF (BUDA AS SHARM FORU RIKHT, 2007) .

«Je suis la sœur du voleur de bicyclette» Cette phrase magnifique qui clôt Chiens égarés, renvoie bien évidemment au chef-d'œuvre de Vittorio De Sica, dont vous avez reconnu un large extrait dans la scène où les enfants se rendent dans une salle de cinéma, malgré le peu d'enthousiasme manifesté par le caissier. Le Voleur de bicyclette (1948) est un film incontournable et sublime auquel le septième art fait souvent référence, que ce soit à travers des clins d'œils ou des extraits, comme c'est le cas par exemple dans The Player de Robert Altman (1992), Stardust Memories de Woody Allen (1980) ou Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola (1974). Mais, dans le film de Marzieh Meshkini, la référence est implicite dès les premières images qui montrent le frère et la sœur, Zahed et Gol-Gothai, fouillant des détritus parmi d'autres enfants aussi perdus qu'eux. Il y a une façon de filmer la rue et la misère, d'inscrire les personnages dans les décors naturels et de travailler avec des jeunes acteurs non professionnels, qui s'inspire très ouvertement de la manière adoptée par De Sica. La réalisatrice reconnaît cette influence, notamment parce qu'elle pense qu'il y a «de grandes similitudes entre l'après-guerre en Italie et l' Afghanistan d'après la chute des Talibans.». Mais l'idée du scénario lui est venue de la triste réalité, et d'un constat effectué alors qu'elle accompagnait, comme assistante réalisatrice, Samira Makhmalbaf dans une prison de Kaboul pour le tournage de A cinq heures de l'après midi, en 2002.