SALE TEMPS À L'HÔTEL EL ROYALE en VOD
- De
- 2018
- 136 mn
- Policier / Suspense
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Parce qu'au crépuscule des années 60, un groupe de personnages haut en couleurs se retrouvent dans un hôtel vintage complètement désert, à cheval sur la frontière entre le Nevada et la Californie. Bientôt, les masques tombent et le spectateur se trouve plongé dans une intrigue mystérieuse, où tout le monde a quelque chose à cacher… à commencer par sa véritable identité.
Parce que déjà avec La Cabane dans les bois, son premier long-métrage en tant que réalisateur, Drew Goddard s’interrogeait sur les mécaniques du cinéma d’horreur, ses codes et ses gimmicks essentiels. D’où la présence de ces deux scientifiques (incarnés par Richard Jenkins et Bradley Whitford) qui métaphorisaient le cinéaste lui-même, occupant à la fois le rôle de dramaturge et de commentateur de l’action. Sans être aussi ouvertement méta, Sale temps à l’hôtel El Royale entend bien mettre en exergue les coutures de la fiction pour ériger le cinéma en tant que culte de la facticité. Une intention matérialisée par le décor lui-même, traversé par une ligne rouge qui fait de chacune de ses moitiés le renversement de l’autre, nous alertant dès le début sur la nature trompeuse des apparences. Le long-métrage s’acharnera toujours à nous induire en erreur, principalement par des jeux de montage – le film rejoue plusieurs fois les mêmes scènes sous différents points de vue –, et s’amuse à souligner les artifices du cinéma de divertissement. En témoigne cette séquence, certes très théorique mais brillamment mise en scène, où le personnage de Jon Hamm découvre un couloir secret duquel il peut observer toutes les chambres de l’hôtel. Filmé en travelling latéral, le personnage marche d’un bout à l’autre du couloir, comme un monteur ferait défiler la bobine, un photogramme après l’autre.
Parce qu'à la fois relecture post-moderne du film noir et Cluedo grandeur nature (à une différence près : il n’est pas question de trouver le coupable, puisque tout le monde l’est), Sale temps à l’hôtel El Royale est un film malicieux, qui se joue de nos attentes avec un plaisir communicatif. Empruntant son goût des dialogues tendus et de la musique populaire à Quentin Tarantino, grand cinéaste du pastiche et du commentaire s’il en est, le film parvient à contrebalancer la dimension intellectuelle de son récit par sa mise-en-scène luxueuse, son rythme intense et son casting truculent.
Parce que dans le rôle de Billy Lee, gourou hippie sexy et dégénéré, Chris Hemsworth trouve notamment un nouveau rôle à contre-emploi, après le Hacker de Michael Mann. Visiblement très amusé par ce personnage dont la perversité n’a d’égal que le charisme, le comédien nous rappelle que son talent ne se limite pas aux collants trop serrés des super-héros Marvel. Une démonstration supplémentaire de la capacité qu’a le cinéma américain à expier, par le biais du divertissement populaire, les tragédies qui ont accablé les États-Unis – ici, le meurtre de Sharon Tate par la « Famille » de Charles Manson en 1969, soit l’année où se déroule l’action du film.