L'OUTSIDER

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C’est l’histoire d’un petit trader français qui se croit à Wall Street et pense faire fortune. Mais sous l’emprise de son mentor il va galoper un peu trop loin dans les prairies de la spéculation.

Ça vous rappelle quelque chose, pas étonnant, puisque L’Outsider de Christophe Barratier est tiré de faits authentiques. Le film sorti en 2016 est pour un film français d’une impressionnante réactivité puisque l’affaire Kerviel VS Société Générale a défrayé la chronique il y a à peine dix ans.

C’est un jeune comédien de 30 ans, Arthur Dupont, qui incarne le clone de Kerviel à l’écran. François Xavier Demaison est là aussi au coeur d’un monde où le réel et le virtuel s ‘équilibrent à coups de milliards.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WALL STREET (1987 ) DE OLIVER STONE (Le premier grand film contemporain sur les dérives des sociétés américaines de placement. Bien avant la crise des subprime Oliver Stone met en scène cette caste de traders qui ont pignon sur Wall Street et qui par le biais de produits financiers dangereux contournent la loi et fabriquent artificiellement des profits. Michael Douglas est extraordinaire avec sa morgue, son ego surdimensionné et sa jovialité sous stupéfiant.) ou encore LA TOUR DES AMBITIEUX (1954) DE ROBERT WISE (Un classique et un des premiers films américains sur les arcanes du capitalisme, des luttes de pouvoir entre les dirigeants et les actionnaires, filmé comme une tragédie antique, dans les bureaux cossus (mais fifties!) d'une grande entreprise. Les conseils d'administration ressemblent aux déchirements de Atrides. Et le film, déjà, plaide pour le maintien de l'activité d'une entreprise, de son savoir-faire et des ses employés, au dépend de ceux qui veulent la liquider pour récupérer des avoirs.).

Peu de cinéphiles attendaient Christophe Barratier dans un film qu’il faut qualifier de politique, en tout cas dans ce qui ressemble à la chronique d’une affaire d’état. Le cinéaste semblait s’être fait une spécialité nostalgique du film à la française, une régurgitation pleine de tendresse de tout ce qui avait fait sa cinéphile. Ce garçon raffiné, qui a renoncé à une prometteuse carrière de guitariste classique, par ailleurs neveu du grand acteur producteur Jacques Perrin, avait atomisé le marché français (avec un beau score à l’international) grâce au Choristes remake de La Cage aux rossignols (1945) de Jean Dréville. Puis il avait osé faire du Duvivier et du front popu avec la comédie musicale Faubourg 36 (2008) qui avait un air de Belle équipe. Enfin il s’était souvenu du grand écrivain Louis Pergaud avec La nouvelle guerre des boutons (2011), faux remake de La Guerre des boutons d’ Yves Robert en 1962.

Avec L’Outsider, le cinéaste met les pieds dans le plat du 21ème siècle. Le film est tiré du livre de Jérôme Kerviel "L’engrenage : mémoires d’un trader" publié en 2010. Barratier a beaucoup interrogé Kerviel sans qu’il collabore au scénario, s’est documenté sur un milieu auquel il ne connaissait rien. Un énorme travail qui a nécessité quatre ans de recherches et d’écriture avant d’accoucher d’un scénario.

Si Kerviel a négocié un contrat en béton avec des clauses restrictives sur sa vie et son oeuvre, Barratier n’a rien obtenu ni de ses anciens collègues ni de son ex banque. Confidentiel défense. Signalons au passage que François-Xavier Demaison est familier de cet univers puisqu’il fut avocat fiscaliste dans les milieux de la finances jusqu’en 2001 avant de choisir la vie de saltimbanque. Après Wall Street d’Oliver Stone, et Le Loup de Wall street de Martin Scorsese, L’Outsider fait son OPA sur la banque et le cinéma français.

C'est via le cinéma que j'ai connu le monde de la finance, en regardant des grands classiques comme Wall Street d'Oliver Stone ou en passant par des films plus discrets comme Les Initiés de Ben Younger . À l'instar des films de gangsters, j'ai donc été très vite fasciné ...

Fosca il aime pas tellement mentir. Travestir la vérité d'un manteau à la Ric Flair c'est pas son truc tu vois. C'est pour ça que les biopics ça l'emmerde sévère. On te pimp la vie d'un tel pour en faire un monstre d'hypocrisie hollywoodienne. Je t'apprends rien en te disant ...

Il a du nez, Christophe Barratier. Sur les marchés, de plus en plus souvent de films sur l'économie mondialisée. On pensait le voir venir de loin, le petit malin, et recycler son succès sur un air bien connu, en forme de rengaine : ♫ Vois sur ton chemin, milliards envolés, ...