600 KILOS D'OR PUR

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Les films d’aventures se font rares. Sans doute la France n’a-t-elle jamais été très flambarde sur ce terrain-là, laissant le champ libre à Hollywood. Question de tempérament, question de budget. Aussi nous serions mal avisés de bouder notre plaisir lors du transport de ces 600 kilos d’or pur, braqués dans une mine au cœur de la Guyane. D’autant que le réalisateur, Eric Besnard, joue le jeu. Pas de second degré, pas d’éléments de comédie. Ce n’est pas Le Boulet.

Et si le film ne repose pas sur une histoire vraie, les éléments qui la constituent ont tous un fond de réalité. La dénonciation des dégâts écologiques commis par les orpailleurs dans la forêt amazonienne par exemple. Mais ce qui a attiré les signataires du film, c’est avant tout le romanesque qui s’attache à la figure du chercheur d’or, qui doit lutter à la fois contre la nature, les aléas du sort, les autorités et les envieux.

Outre Gérard Klein dans un rôle secondaire, que nous n’avions pas vu au cinéma depuis douze ans, le film a l’avantage de réunir un trio inédit.  Clovis Cornillac, que Besnard avait dirigé dans son film précédent, Cash et dont les capacités sportives ne sont plus à prouver.
Elles n’ont pas été superflues, le tournage n’a pas été une partie de plaisir. Audrey Dana, davantage habituée à ce moment-là au cinéma de Claude Lelouch. Et Patrick Chesnais. A noter que ce dernier avait lui-même réalisé un film dix ans plus tôt, Charmant garçon. Et que Dana et Cornillac s’apprêtent alors à l’imiter. La première avec Sous les jupes des filles, le second avec Un peu, beaucoup, aveuglément.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FORÊT D'ÉMERAUDE (C'est le même cadre géographique, la forêt amazonienne) ou encore DE L'OR POUR LES BRAVES (C'est un autre film sur la fièvre de l'or pour un groupe en milieu hostile).

Dans l’œuvre d’Eric Besnard, outre ce 600 kilos d’or pur, il n’est pas interdit d’avoir de l’affection pour son premier film, Le Sourire du clown, un film noir joliment troussé qui offre à Ticky Holgado l’un de ses rares rôles principaux. Et pour Le Goût des merveilles sorti en 2015, un film lumineux, en osmose avec la nature qui nous donne le plaisir de fréquenter Virginie Efira. Mais Besnard est aussi un scénariste efficace. Le Convoyeur, de Nicolas Boukhrief, Le Nouveau Protocole, de Thomas Vincent, Babylone AD, de Mathieu Kassovitz, encore des polars, lui doivent beaucoup. Sans oublier Made in France, le glaçant réquisitoire dressé par Boukhrief contre le jihadisme, qui n’est jamais sorti en salle pour cause de collision avec une actualité terrifiante.

Le tournage de 600 kilos d’or pur n’a évidemment pas été de tout repos. Eric Besnard avoue avec malice que Clovis Cornillac lui avait dit qu’il pourrait tourner n’importe où sauf dans la jungle. Mais le comédien ne s’est visiblement pas trop fait prier. Il aurait eu tort de renoncer à cette aventure. Les repérages avec deux guides locaux ont permis au réalisateur de préciser certains points de son scénario, voire de greffer certaines scènes auxquelles il n’avait pas songé. Ce fleuve dont le cours s’inverse par exemple, dont les vertus en termes de dramaturgie sont évidentes.

Besnard tenait à ce que la forêt soit omniprésente, mieux, qu’elle soit l’un des personnages du film. Un personnage menaçant, prêt à engloutir au moindre faux pas ceux qui en violent l’intimité. Le réalisateur ne voulait pas que déboulent les habituels piranhas, crocodiles et autres mygales, mais que le danger soit diffus. Pour donner corps à son aventure, il a tenu à ce que le tournage, qui a duré huit semaines, se fasse de façon chronologique. Les premières scènes sont ainsi les plus décontractées, mais l’étau se resserre par la suite de façon progressive. Ce qui fait que les personnages, mais aussi les comédiens apparaissent de plus en plus fatigués, marqués même. C’est la loi du genre. Jérémie Banster, qui a lui aussi parcouru l’immensité amazonienne en 2014 pour raconter l’histoire de Raymond Maufrais dans son film La Vie pure, ne va certainement pas nous contredire…

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