VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D'ÉTAT

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Varsovie, 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarnosc le syndicat créé et dirigé par Lech Walesa pour contester le pouvoir communiste en place, est battu à mort par la police. Mensonges, menaces : le régime totalitaire du Général Jaruzelski va tenter par tous les moyens d’empêcher la tenue d’un procès équitable. Tel est le point de départ bien réel du film de Jan P. Matuszynski, Varsovie 83, une affaire d’Etat librement inspiré du livre de Cezary Lazarewicz, Leave No Traces, The Case of Grzegorz Przemyk. 

« Le cinéma est une sorte de miroir qui peut plonger au plus profond de l’âme. Une liberté dont nous avons tous besoin. Grzegorz Przemyk tenait à sa liberté quand les forces de l’ordre lui ont ordonné de présenter une pièce d’identité le 12 mai 1983. Il savait qu’il n’avait pas à obtempérer puisque la loi martiale avait été levée. Il a donc refusé d’obéir. Le film m’a ainsi donné l’opportunité de refléter divers visages du régime communiste polonais des années 80. C’est en ravivant la mémoire que nous pouvons espérer que l’histoire ne se répétera pas. » écrit le réalisateur du film dans sa note d’intention. 

Pour écrire le scénario adapté du roman de Lazarewicz, Kaja Krawczyk-Wnuk a du se concentrer sur les faits qui se sont déroulés de 1983 à 1984, afin de contenir une « histoire tentaculaire qui remplirait largement trois saisons d’une série télévisée » selon la formule de du cinéaste Jan P. Matuszynski. Avec la volonté de mettre d’abord en avant la « perversité » de cette affaire d’Etat et de dépasser l’idée commune qu’il suffit de « se fier aux gros titres. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver Z (Costa-Gavras, s'inspirant lui aussi d'une affaire réelle, revient sur l'assassinat politique d'un leader de gauche par les militaires au pouvoir dans un pays jamais nommé mais qui s'apparente à la Grèce des Colonels) ou encore L'HOMME DE MARBRE (Wajda avec L'Homme de fer notamment, mettait en cause lui aussi le régime communiste polonais et sa politique de répression).

Jan, P. Matuszynski ne cache pas que l’une des références cinématographiques de son film est assurément celui d’Antonioni, Blow-Up. De fait, au delà des différences et des années, les deux films partagent une même réflexion sur le concept de vérité. Avec notamment la figure centrale du « témoin » incarné ici par le personnage de Jurek Popiel, celui qui a le plus vu sans pour autant avoir tout vu. Chacun a sa propre vérité qui est de surcroit malléable et chaque personnage a une motivation très différente de celle des autres. 

Refusant le suspense et la dramatisation d’un thriller, Jan P. Matuszynski a choisi de révéler dès le début du film la mort de Przemyk. Comme il choisit de ne pas privilégier l’enquête sur le véritable assassin du jeune homme. «  A quel moment intervient la plus sourde des violences ? » telle était, dit-il, sa principale interrogation en s’intéressant aux faits qui paraissent évidents au premier abord et qui s’avèrent beaucoup plus complexes par la suite. 

Avec ce second long-métrage, le cinéaste polonais, diplômé de la faculté Krzysztof Kieslowski Film School University of Silesiade de Catovice, poursuit dans le droit fil de son premier film, The Last Family, un portrait du peintre Zdzislaw Beksinski à travers l’histoire de sa famille. L’artiste qui vivait cloîtré chez lui ayant enregistré sur magnétophone puis en vidéo la vie quotidienne de sa famille. Les notions de vérité et de témoignage étaient déjà par conséquent au cœur de ce premier long métrage emblématique de la démarche du cinéaste.

Varsovie, 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarnosc est battu à mort par la police. Le chemin jusqu'au procès sera long et émaillé de tout l'attirail cynique du régime de Jaruzelski : faux témoignages, pression et menaces diverses, recherche de coupables imaginaires, ...

Ne vous fiez pas au titre français ‘Varsovie 83, une affaire d'État’, il est un peu didactique. Le titre anglais et le titre polonais est ‘Leave no trace’ et est beaucoup plus représentatif du film. En effet, ce thriller judiciaire est tout à fait haletant, rondement ...

Le réalisateur polonais Jan P. Matuszyński n’a certes pas la renommée internationale de son compatriote Paweł Pawlikowski, oscarisé pour Ida et nominé pour Guerre Froide, mais à ce rythme-là cela ne saurait tarder. Quelques années après l’excellent Ostatnia Roddzina ...