VALMONT (VERSION RESTAURÉE)

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Mais quel peut donc être le point commun de cinéastes aussi différents que Roger Vadim, Stephen Frears et Milos Forman ? Tous trois ont adapté le célèbre roman épistolaire écrit au XVIIIe siècle par Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses. Sortie en 1989, la version de Forman est la dernière en date. C’est quatre ans après l’aventure d’Amadeus que le cinéaste retrouve l’envie de raconter une nouvelle histoire. Le déclic s’est produit un soir, à Londres, devant une adaptation théâtrale des Liaisons dangereuses assurée par Christopher Hampton.

Forman avait lu le roman bien des années auparavant à Prague, alors qu’il était l’élève de Milan Kundera à l’Académie du cinéma. Il décide ce soir-là de contacter Hampton en vue cette fois d’une adaptation pour le cinéma et prend rendez-vous avec lui à Hyde Park. Mais la rencontre n’aura jamais lieu et nul ne sait vraiment dire pourquoi et comment. Forman choisit alors de travailler avec le scénariste Jean-Claude Carrière, tandis que Claude Berri devient l’un des producteurs du film. C’est ce trio qui mène à bien Valmont, puisque tel est le titre original choisi par les deux scénaristes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES LIAISONS DANGEREUSES (STEPHEN FREARS) ou encore LES LIAISONS DANGEREUSES 1960 (ROGER VADIM) .

Comme on l’a dit, Christopher Hampton n’a pas travaillé avec Milos Forman. Mais à peu près au même moment, il a été contacté par le britannique Stephen Frears pour adapter quoi ? Les Liaisons dangereuses évidemment. Cas rarissime dans l’histoire du cinéma que ces deux films qui sont lancés en même temps, alors qu’ils racontent la même histoire tirée du même roman, le tout en costumes d’époque ! 

La première manifestation de cette insolite concurrence n’a pas tardé à se faire sentir. Forman, pour incarner la diabolique Madame de Merteuil, voulait faire appel à Michelle Pfeiffer, en passant outre, comme il le dit lui-même, à sa "réticence vis-à-vis des stars hollywoodiennes". Or, que croyez-vous qu’elle fit la star en question à la stupéfaction du cinéaste convaincu de l’intérêt de sa proposition ? Elle refusa. Deux jours plus tard, Forman découvrait le pot aux roses : l’actrice venait de signer pour incarner la prude Madame de Tourvel dans l’adaptation que préparait Stephen Frears ! On lui proposait Hyde, elle préféra Jekyll, en quelque sorte.

C’est durant l’été 1988 que Forman arriva à Paris pour y commencer le tournage de son film. A cette même date et dans cette même ville, Stephen Frears venait, lui, de terminer ses propres Liaisons dangereuses. Forman s’était résigné à passer en seconde position, refusant cependant de lire le scénario écrit par Hampton : "A quoi bon, dit-il à l’époque, comparer les deux adaptations et se faire du mauvais sang. Je n’y pouvais rien et je préférais penser à autre chose." Un an plus tard, la sortie du film est un échec mais, de son propre aveu, Forman a la tête ailleurs, car dans son pays natal commence la Révolution de velours qui verra la chute du régime communiste et l’élection à la tête de la Tchécoslovaquie de Vaclav Havel, un ancien camarade de classe du cinéaste.