TROIS PLACES POUR LE 26 (VERSION RESTAURÉE)

en VOD

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT DE JACQUES DEMY (Une autre ville portuaire, Rochefort, avec des marins, des "soeurs jumelles nées sous le signe du gémeau" qui cherchent l'amour et un spectacle sur la grand place : les ballets amoureux selon Demy, une pure merveille !) ou encore VÉNUS ET FLEUR D'EMMANUEL MOURET (Un petit ravissement que ce film tourné sous le soleil de Marseille où Emmanuel Mouret suit les humeurs changeantes et l'épanouissement de deux demoiselles, incarnées par deux délicieuses inconnues).

L’univers enchanté de Jacques Demy reste le plus coloré, dansant et féerique du cinéma français, mais sous le rose, le vert, le orange, les robes couleur du temps et les parapluies, se cachent des thèmes sombres qui apparaissent tous dans son dernier film, 3 Places pour le 26.

Il y a les amours qui se croisent avec la peur que jamais ils ne se rencontrent réellement, comme dans Les Parapluies de Cherbourg où Catherine Deneuve finit mariée par dépit avec un autre. Alors on tremble dans 3 places pour le 26 que Montand retrouve vraiment cette femme qu’il perdit 20 ans auparavant…

Les pères sont toujours absents, décédés ou partis : dans Lola, Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort, et Une chambre en ville, Demy filme tendrement des mères, souvent veuves, seules avec leur fille. Dans 3 places pour le 26, non plus, on ne verra jamais le père de Mathilda May, en prison pour malversation immobilière.

Un baron, le papa, et on retrouve la fascination de ce cinéaste fils d’ouvrier pour une aristocratie qui tient à tenir son rang même si elle est déchue. Danielle Darrieux est ainsi une baronne veuve dans son plus beau mélo musical : Une chambre en ville. On ne parle même pas de Peau d’âne avec des rois, des reines, et une princesse contrainte de se déguiser en souillon pour échapper à l’amour contre-nature de son père. Car le thème le plus troublant de Jacques Demy reste l’inceste, véritable obsession, abordée plus ou moins frontalement dans la plupart de ses films. Dans son court métrage, La Luxure, en 1962, il le traitait sur le mode de l’humour, mais, dans Lola, un an auparavant, son premier long métrage, on apprenait que Cécile (le vrai nom de Lola) était née à la suite d’une liaison que sa mère avait eu avec son beau- frère. Presque un inceste…

Comme Michel Piccoli dont le cœur est titillé par Françoise Dorléac, dans Les Demoiselles de Rochefort, sans savoir qu’elle est la fille de son premier amour. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait choisi d’adapter Peau d’âne, le conte de fée le plus incestueux de l’histoire de la littérature où un père tient absolument à épouser sa fille ! Heureusement que la fée des lilas est là pour chanter : "Mon enfant, on n'épouse jamais ses parents"…  On ne les épouse pas, mais on peut finir accidentellement dans leur lit comme dans 3 places pour le 26 où le cinéaste filmait un inceste consommé, mais avec une légèreté incroyablement gonflée : dans son dernier film,  il en finissait avec ce tabou qui le hantait sans en faire tout un drame. 

Prenez la première personne dans la rue, et demandez-lui de citer des films de Jacques Demy. Vous obtiendrez sans aucun doute Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort et probablement Peau d’Âne. On vous parlera de couleurs chamarrées, de danseurs frénétiques ...

"Trois Places pour le 26" est un Demy - Legrand : pour cela, il sera obligatoirement comparé aux chefs d’œuvre précédents du tandem enchanté, et du coup, sans doute mal aimé (à sa sortie en salle, les critiques n'ont pas été fameuses, souvenons-nous). En plus, il faut ...

Ultime collaboration du duo Demy / Legrand, "Trois places pour le 26" reste selon moi un petit miracle. Les chorégraphies y sont pour le moins approximatives, le jeu de Mathilda May est comme souvent à l'opposé de son physique, c'est-à-dire très très perfectible ( http://youtu.be/LRd3aT4IX34 ...