TOUCHEZ PAS AU GRISBI (VERSION RESTAURÉE)

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Max le menteur et Riton, son vieux pote de toujours, viennent de faire un gros coup. Cinquante briques en lingots d’or. Comme ils commencent à avoir du bouchon, ce coup, c’est le dernier. Ils vont pouvoir prendre leur retraite, peinards. Le hic, c’est que la petite amie de Riton a fait des confidences à Angelo, le chef d’une bande rivale qui voit là l’occasion de se faire une embellie sur le dos des anciens. Il kidnappe Riton et exige que Max lui remette le magot s’il veut revoir son pote vivant. Pour Max, l’amitié c’est sacré et il va tout faire pour récupérer Riton.

Max, c’est un Jean Gabin qui n’est plus le jeune premier d’avant-guerre et qui grâce à ce film va renouer avec le succès populaire. Face à lui, Lino Ventura campe un Angelo sans scrupules qui est prêt à tout pour rafler le grisbi. Riton, c’est René Dary en gangster vieillissant qui ne se méfie pas des indiscrétions de sa petite amie, la divine Jeanne Moreau. Paul Frankeur et Dora Doll viennent boucler ce casting superbe.

Avec Touchez pas au grisbi, Jacques Becker, à la mise en scène et Albert Simonin à l’écriture et aux dialogues, renouvellent le polar à la française et donnent à Gabin l’occasion de créer ce personnage de truand à qui on ne la fait pas et qui distribue les mandales comme personne.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CAVE SE REBIFFE - GILLES GRANGIER (1961) (Jean Gabin reprend son rôle de vieux voyou sur le retour que tout le monde respecte et à qui on ne la fait pas. Il est approché pour participer à une "affaire" de fausse monnaie et roule tout le monde.) ou encore MÉLODIE EN SOUS-SOL - HENRI VERNEUIL - (1963) (Charles, voyou vieillissant vient de sortir de prison et met sur pied un dernier coup, histoire de finir en beauté et de prendre une retraite bien méritée.).

A l’origine, Touchez pas au grisbi est un roman d’Albert Simonin qui avait obtenu à sa sortie un vif succès. Ce bouquin était le premier d’une trilogie qui raconte les aventures de Max le menteur, un truand respecté mais vieillissant. Le second, Le cave se rebiffe, sera mis à l’écran par Gilles Grangier en 1961 et le troisième, Grisbi or not grisbi sera réalisé par Georges Lautner et sortira en 1963 sous le titre Les tontons flingueurs. Il est amusant de noter que dans les tontons, c’est Lino Ventura qui reprend le personnage que tenait Gabin dans les deux premiers.  

Pour ce qui concerne Touchez pas au grisbi, le rôle de Max le menteur avait été initialement proposé à Daniel Gélin qui, se trouvant un peu trop jeune pour incarner le personnage, déclina la proposition. Jacques Becker décida de confier l’incarnation de Max le menteur à Jean Gabin qui enfila le costume avec une aisance déconcertante.  Avec ce film, il trouvait un rôle à sa mesure en changeant son image : l’homme d’expérience, autoritaire et qui impose le respect. C'est durant ce tournage qu'il fait la connaissance de Ventura, ex-catcheur dont c’est le premier film. Ils vont devenir amis jusqu’à ce que la mort les sépare. En parlant d’amitié, c’est l’année suivant le grisbi que Gilles Grangier présente Michel Audiard à Gabin pour les dialogues de Gas-oil. Là encore une solide amitié va naître. Mais c’est surtout un duo qui va définitivement marquer le cinéma français de cette époque. Audiard aura le don de faire parler Gabin comme Gabin et cela dans près d’une vingtaine de longs métrages.  

A sa sortie, Touchez pas au grisbi réunira près de quatre millions sept-cent mille spectateurs. Et ce succès commercial permettra à Jacques Becker d’obtenir les moyens pour tourner la superproduction dont il rêvait : Ali baba et les quarante voleurs avec Fernandel dans le rôle d’Ali baba.