TORPÉDO

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Ca nous est tous arrivé un jour : le téléphone sonne et au bout du fil, un commercial anonyme nous annonce que nous sommes sélectionnés pour participer à un concours, avec à la clef un prix mirobolant...

Eh bien c’est exactement ce qui arrive à Michel (François Damiens) dans le film que vous allez maintenant découvrir. Il y est en lice pour gagner un dîner avec l’ancien champion cycliste Eddy Merckx, à condition d’acheter un canapé et de le faire en famille. Souci : s’il souhaite offrir son prix à son père grand fan de vélo, il n’a pas vraiment de famille et va devoir s’en inventer une puis partir réclamer ce qu’il croit être son dû...

Audrey Dana, Gustave de Kerven et le grand Eddy Merckx en personne vont l’accompagner dans ce road-movie belge signé Matthieu Donck. Un exercice de style bien souvent et, là-encore, imaginé comme une sorte de parcours initiatique pour ses héros. Réflexion à la fois tendre et désabusé sur le thème de la famille, qu’elle soit composée, recomposée ou décomposée !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LOOKING FOR ERIC (Chez Ken Loach comme chez Matthieu Donck, l'image du sportif légendaire sert de placébo au mal de vivre des anonymes. Dans les deux cas, Eric Cantona ou Eddy Merckx donnent enfin un but à des vies trop rangées ou gâchées...) ou encore LE VELO DE GHISLAIN LAMBERT (Le cyclisme est paraît-il une leçon de vie : dans un peloton comme dans la société, il faut savoir attendre son tour, partir au bon moment, la jouer collectif ou esprit d'équipe pour s'imposer. Outre le vélo, au coeur des deux films, la compétition pour la survie ou la reconnaissance en est un lien évident !).

Avez-vous noté le nom de François Damiens dans Torpédo ? Il s’appelle Michel Ressac. C’est ça : comme ce mouvement parfois violent effectué par les vagues contre les récifs. Son personnage se bat contre une muraille, celle de l’indifférence, des apparences et d’un système de consommation abêtissant.

Le cinéma belge aime la provocation et ne recule jamais devant l’obstacle pour dénoncer les absurdités de nos sociétés. C’est arrivé près de chez vous avait lancé le mouvement en 1992, offrant alors à un débutant nommé Benoît Poelvoorde un de ses rôles les plus marquants. Les frères Dardenne ont depuis obtenu leurs lettres de noblesse, à Cannes et ailleurs, en suivant le fil social et désabusé de leurs chroniques de la vie ordinaire.

On pourrait ajouter à cette liste le travail de comédiens et réalisateurs comme Bouli Lanners, Jaco van Dormael ou Yolande Moreau, sans oublier évidemment Jean-Claude Van Damme, dont la déroutante psychologie métaphysique en fait un cas d’école en matière de belgitude !

François Damiens que l’on retrouve dans Torpédo est exactement issu de cette prestigieuse lignée : à la fois capable d’exceller dans la comédie et de nous toucher dans le drame ou la romance. A ses côtés dans le film que vous venez de voir, Audrey Dana. Une comédienne longtemps passée par la case théâtre avant d’être révélée au cinéma par Claude Lelouch en 2007 dans Roman de gare, puis confirmée dans Welcome de Philippe Lioret, Tellement proches de Nakache et Toledano ou Le bruit des glaçons de Bertrand Blier...

Enfin, un mot de la prestation d’Eddy Merckx. « Le cannibale », comme on l’appelait dans le peloton, a gagné cinq tours de France et d’Italie et a été désigné par ses pairs comme le plus grand cycliste de l’histoire. Il rejoint ici la grande famille des sportifs jouant leur propre rôle à l’écran : Myke Tyson, Zinédine Zidane, Michael Jordan, Eric Cantona ou Laure Manaudou se sont essayés face caméra, avec des bonheurs divers certes mais toujours sympathiques...