ZERO THEOREM

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L'existence a-t-elle un sens et si oui lequel ? Prenez garde à ce que vous allez répondre car si c'est "non", tout ce qui suit, y compris le film de Terry Gilliam n'a plus vraiment d'utilité, l'existence elle-même en étant dépourvue, vous venez de le dire ! Si c'est oui, ce n'est pas plus simple car alors il va vous falloir argumenter pour vous mettre au niveau de la nouvelle fable absurde et désenchantée de l'ex-Monty Python !

Il nous projette cette fois dans un Londres décadent et futuriste, où chacun se doit de profiter du bonheur technocratique instauré par un régime plus proche de la dictature que de la démocratie. Un de ceux qui résiste s'appelle Qohen, informaticien surdoué, vivant reclus dans une ancienne chapelle, dont la vie anonyme va être perturbée par ses supérieurs. Sa mission : résoudre l'algorithme prouvant, (on y revient), que l'existence à un sens…

Gilliam explore à nouveau des thèmes qui lui sont chers et en profite pour entrainer Christoph Waltz, Mélanie Thierry, Matt Damon ou Tilda Swinton dans un de ces cauchemars bureaucratiques dont il a le secret depuis "Brazil"…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TREE OF LIFE (Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Y a-t-il un grand dessein derrière tout cela ? Les réponses désespérées de Terry Gilliam ou métaphysiques de Terence Mallick éclairent ce (vaste) débat !) ou encore BRAZIL (Terry Gilliam n'aime rien moins que décrire l'asservissement des peuples par la barbarie technocratique et technologique...).

La vie et la carrière de Terry Gilliam auront constitué un des parcours les plus à part dans l'histoire de l'industrie du spectacle. Depuis ses débuts en 1969 au sein des Monty Python, (avec John Cleese, Graham Chapman, Terry Jones, Eric Idle et Michael Palin), ce touche à tout de génie a pris un soin jusqu'au boutiste à ne respecter aucun code, voire même à les dynamiter façon puzzle avec une jubilation potache. Véritable institution outre-Manche, ce club des six version trash a signé quelques-uns des films les plus irrésistiblement "shocking" de la fin du 20e siècle : revoyez "Le sens de la vie", "Sacré Graal" ou "La vie de Brian" pour vous en convaincre. Royauté, religion, argent, sexe, Histoire : les Monty Python sont, à l'instar des Beatles ou des Rolling Stones, les rebelles de la couronne mais aussi ses joyaux iconoclastes et indomptables. 

Terry Gilliam a toujours mené ses propres projets en dehors du groupe : avant et après. Ses talents d'auteur, de dessinateur et de metteur en scène bien entendu lui ont permis de s'attaquer très tôt à l'édification d'une œuvre qui, si elle se rattache par de multiples point communs avec celle du quintette, n'en n'est pas moins autonome et immédiatement reconnaissable.

Avec son 3e film en solo en 1985, "Brazil", il marque l'histoire du cinéma. Cette fable totalement prémonitoire sur l'avènement de la bureaucratie et l'étouffement de l'individu par la masse se regarde aujourd'hui comme un prolongement du "1984" de George Orwell. Gilliam y décrivait des technologies ou des idéologies qui, depuis, sont arrivées aux postes de commandement de nos sociétés. Suivront "Le baron de Munchhausen", "L'armée des douze singes", "Les frères Grimm", "Las Vegas parano" ou "L'imaginarium du Dr Parnassus" mais aucun ne rencontrera le succès commercial, comme si le système dénoncé à l'écran par Gilliam se déchainait en coulisse pour lui nuire… Pire : saviez-vous que Terry Gilliam avait été pressenti pour réaliser "Watchmen" ou "Harry Potter" et qu'au dernier moment, son nom fut écarté ?

Travaillant jour et nuit devant un écran, entre un plat micro-ondé sans saveur et une séance de cybersexe, Qohen (Christoph Waltz) s'éloigne progressivement de lui-même. Dépourvue de sens, sa vie incarne la parfaite illustration du projet qui lui est confié par "le directeur", ...

Je pense qu'on peut m'accuser de ne pas être objectif face à Terry Gilliam et à son nouveau film. Ben vous savez quoi, l'objectivité, je l'emmerde! Les acteurs sont excellents (Christoph Watlz est carrément époustouflant), la réalisation de Gilliam au taquet, le scénario, ...

J'ai une tendresse particulière pour le bon vieux Terry, je lui dois même beaucoup. C'est en découvrant ses légendaires Monty Python que j'ai pu m'apercevoir du potentiel comique anglais jusqu'alors insoupçonné, c'est en partie grâce à lui si je me suis intéressé à ...