TEL PÈRE, TEL FILS

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Ryoata, brillant architecte marié à une femme douce et docile, élève son fils de 6 ans dans l'obsession de la performance. Son monde s’écroule le jour où on lui apprend que le garçon qu’il a éduqué n’est pas son fils biologique : nourrisson, il a été échangé à la naissance… C’est parce qu’il est lui-même devenu père en 2008 que le réalisateur japonais Hirokazu Koreeda a décidé de se pencher sur la paternité, et plus précisément, de se demander ce qui fait d’un homme un père : les liens du sang ou le temps passé avec son enfant ? De cette interrogation, il a tiré un film profondément émouvant, qui confirme la justesse et la délicatesse de son cinéma. 

Hirokazu Koreeda a commencé sa carrière dans le documentaire télévisé avant de passer au long métrage, avec la famille pour sujet de prédilection. Si les enfants ont souvent été au coeur de son cinéma, comme dans I Wish, cette fois, c’est du point de vue des adultes que cette histoire est racontée, en partie inspirée par un véritable fait divers : dans les années 60, de nombreux bébés japonais ont été échangés par erreur à la naissance, et Koreeda a été particulièrement troublé de découvrir que dans la plupart des cas, les familles choisissaient de récupérer leur enfant biologique.

Récompensé au festival de Cannes en 2013, Tel père Tel fils a tapé dans l’œil du Président du Jury, Steven Spielberg, qui a évoqué "un film inoubliable" : il en a d’ailleurs acheté les droits de remake. N’attendez pas la version américaine pour découvrir cette bouleversante réflexion sur la paternité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver I WISH (On y retrouve la subtilité avec laquelle Hirokazu Koreeda dirige les enfants.) ou encore LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE (Le point de départ de l'histoire est le même, mais Etienne Chatiliez en a tiré une pure comédie !).

L’émotion du film vient en partie de la subtile composition de Masaharu Fukuyama dans le rôle du père trop exigeant. Le comédien, d’abord connu comme chanteur, est une véritable star au Japon : il détient d’ailleurs le record du single le plus vendu dans son pays. Tel père tel fils n’est que le cinquième film qu’il tourne, mais son visage est très connu des téléspectateurs puisqu’il a tourné dans une série très populaire.

On est frappé dans le film par la justesse d’interprétation des enfants, une caractéristique de l’œuvre de Koreeda : en 2004, Nobody Knows, présenté au festival de Cannes, avait même valu un Prix d’interprétation à son jeune comédien de 14 ans.

Pour obtenir un tel naturel, le réalisateur explique qu’il n’a jamais donné le scénario de Tel père tel fils aux enfants du film, mais qu’il s’est contenté de leur expliquer au fur et à mesure les scènes qu’ils devaient interpréter. En revanche, il a encouragé les comédiens adultes à passer le plus de temps possible avec leurs jeunes partenaires pour obtenir à l’écran une complicité digne de parents avec leurs enfants.

A l’instar de Koreeda, d’autres réalisateurs sont connus pour leur capacité à diriger les enfants. C’est notamment le cas de Jacques Doillon, en particulier dans Ponette, un film bouleversant centré sur une petite fille de 5 ans, mais c’est tout aussi vrai d’Abbas Kiarostami – avec, entre autres, Où est la maison de mon ami ? - et d’Asghar Farhadi, qui a d'ailleurs présenté Le Passé au festival de Cannes. Autant de réalisateurs à qui l’on sait gré de ne jamais transformer les enfants en petits singes savants ! 

Kore-eda illumine, films après films, l'enfance de par la douceur qu'il y injecte. Même quand les enfants sont démunis, inconnus, abandonnés (Nobody Knows), ou dans la violence de la séparation, et des utopies de retrouvailles qui en jaillissent (I Wish), ils restent des enfants ...

13h35: quelques minutes seulement avant le début de la projection, PFloyd, Noménale et moi nous retrouvons devant le ciné. Je suis presqu'en retard, on dirait mon père. Ambiance légère, quelques calembours, la séance s'annonce détendue. J'ai faim. 13h50: après une émouvante ...

Le cinéma asiatique semble avoir un don propre à sa culture, (que, je le confesse, je connais assez mal) qui consiste à dire beaucoup dans la pudeur. Dans un milieu où il n’est pas commun de formuler ce qui agite le cœur, par sens de la dignité, humilité mais aussi refoulement, ...