SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE

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Au départ, Scènes de la vie conjugale était une série pour la télévision suédoise en six épisodes de cinquante minutes qu'Ingmar Bergman a élaguée en 1973 pour un film d'un peu moins de trois heures. Trois heures qui passent à la rapidité de l'éclair !
Une dissection du couple comme jamais vous n'en avez vu et composée de six chapitres dont certains des titres sont extrêmement parlants : Innocence et panique, L'art de cacher la poussière sous le tapis ou encore Une vallée de larmes... et où la réconciliation elle-même montre qu'après trop de joutes et de règlements de comptes, il ne reste plus grand chose d'un amour.
Un film d'une cruauté folle au dialogue d'une richesse exceptionnelle, écrit à la virgule près pour deux acteurs profondément bergmaniens : Erland Josephson, également interprète de Fanny et Alexandre et qui peut être considéré comme le double du Bergman homme mûr et Liv Ullmann, qui fut la muse et l'une des multiples compagnes du cinéaste.
Ce huis clos marital époustouflant de justesse où tout couple peut se reconnaître est une véritable tragédie moderne sur la décomposition d'un couple apparemment sans problèmes où Bergman oppose la suffisance et l'égoïsme de l'homme au manque de confiance et à l'esprit de sacrifice de la femme. Dès que l'on a fini de voir ce film à la problématique si universelle, on a envie de le revoir !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SARABANDE D'INGMAR BERGMAN ou encore QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ? DE MIKE NICHOLS .

Célébré dès les années 50 comme l'un des plus grands maîtres du cinéma grâce à L'Attente des femmes en 1952, Monika en 53, Sourires d'une nuit d'été en 55 ou Le Septième sceau et Les Fraises sauvages en 57, Ingmar Bergman chercha dès les années 70 une manière de se renouveler en tournant pour la télévision.
On peut considérer que son apothéose cinématographique fut Cris et chuchotements en 1973, justement l'histoire d'une agonie, puis il commença à revisiter son cinéma dans le laboratoire télévisuel. Un terrain d'expérimentation qui donna ses chefs d'oeuvre ultimes : Scènes de la vie conjugale en 1973, Fanny et Alexandre en 1981 et Sarabande en 2003. Seule la télévision pouvait offrir une durée suffisante à ces oeuvres sommes.
Ainsi, Scènes de la vie conjugale était donc à l'origine un feuilleton de six épisodes de quatre heures quarante de diffusion et il faut bien ça pour disséquer un couple ! Avant d'être réduit en film et de connaître un succès international, le feuilleton était devenu un véritable phénomène de société en Suède où plus de trois millions de téléspectateurs avaient suivi les derniers épisodes, c'est à dire la moitié de la population suédoise. Des enquêtes furent publiées dans la presse pour demander l'avis des spectateurs et aussi de spécialistes sur les personnages et les journaux reçurent des milliers de lettres de témoignage sur la vie conjugale ! Et qui a même prétendu avoir été influencé par Scènes de la vie conjugale ? David Jacobs, le créateur de la série américaine Dallas !