SANS QUEUE NI TÊTE

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C’est l’histoire de l’improbable rencontre entre Alice Bergerac et Xavier Demestre. Elle est une prostituée indépendante, mais que ses clients insupportent. Lui est un psychanalyste que sa femme vient de quitter et que ses patients fatiguent. Tout les sépare donc ou presque. Tout sauf peut-être l’essentiel qui est le désir d’une nouvelle vie, d’un nouveau départ.

Pour la cinéaste Jeanne Labrune et son coscénariste Richard Debuisne, tout est parti de la lecture d’un texte de Jacques Lacan où se trouve le mot « passe » pour évoquer le moment où quelqu’un en analyse devient lui-même analyste. Ce passage, cette « passe » en évoque d’autre aux deux scénaristes qui sont alors frappés par les similitudes qui existent entre le monde de la prostitution et celui de la psychanlyse. Au début par jeu, ils en dressent la liste non exhaustive qui va de l’importance du lit et du divan, à l’existence de séances toujours limitées dans le temps et tarifées et au paiement en liquide, en passant par l’absence revendiquée et nécessaire de sentiments. Sans compter une sorte de dépendance commune à ces deux pratiques… C’est ce matériau qui va servir de base à l’écriture du scénario proprement dit avec la naissance des deux personnages principaux qu’incarnent Isabelle Huppert et Bouli Lanners.

 
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Film d’auteur, Sans queue ni tête est également un film d’acteurs puisque la réussite de cette histoire improbable repose sur la crédibilité et l’implication des comédiens et singulièrement des deux rôles principaux. A l’origine, Michèle Laroque et François Berléand devaient incarner Alice et Xavier mais les hasards du calendrier en décidèrent autrement.

Jeanne Labrune est longuement revenue sur son travail avec Isabelle Huppert lors de la préparation du film : « Nous n’avons jamais parlé du scénario avec Isabelle, a-t-elle ainsi expliqué, mais nous nous sommes en peu de mots accordés sur le personnage et nous nous sommes beaucoup vues pour les costumes, les perruques et les accessoires. Je la regardais se métamorphoser sous mes yeux. » Fin de citation. De fait, le choix d’Isabelle Huppert pour incarner le premier rôle féminin donne au film une tonalité particulière. Certes, il se situe dans la lignée des fantaisies précédentes de la réalisatrice (on se souvient notamment de C’est le bouquet), mais on y sent une gravité plus marquée, comme s’il s’agissait de « soulever le masque du rire » selon l’expression même de Jeanne Labrune. Autrement dit, il revient à Isabelle Huppert le rôle de dépasser les idées reçues et les clichés, en construisant un personnage capable de se dépasser précisément en donnant un autre sens à sa vie. La comédie se fait alors plus morale ou plus profonde si l’on préfère.

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