SÉLECTION OFFICIELLE

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Le film que vous allez voir est selon son réalisateur Jacques Richard un « divertissement intelligent » : Sélection officielle, présenté pour la première fois en mai 2016 lors du Festival de Cannes, porte en effet sur le petit monde des festivals de cinéma un regard tout à la fois informé et humoristique, affectueux et distancié. On y suivra les tribulations d’un jeune cinéaste, Ulysse Pigozzi, interprété par quatre acteurs différents, dont le premier film a été sélectionné au « Love Film Festival » lequel se déroule sur l’Ile de la Réunion. C’est du moins ce qu’il croit et c’est le point de départ d’un film qui se situe assurément dans le droit film de « La Nuit américaine » de François Truffaut entre hommages et coups de griffe.

Jacques Richard et son coscénariste Jean Streff ont allègrement mêlé fiction et réalité pour écrire Sélection officielle. Inventant de toutes pièces un festival de cinéma et ses principaux protagonistes, ils ont en revanche puisé dans le véritable quotidien de ces manifestations cinématographiques pour en décrire de l’intérieur le fonctionnement. Tout ici est donc à la fois vrai et faux. C’est le propre du cinéma lui-même. Et c’est le propre de ces festivals qui en sont tout naturellement le reflet et qui font partie intégrante de la magie du 7è Art. On rappellera ici que chaque année en France se déroulent plus de 350 festivals dédiés au cinéma !

Alors, certes, le « Love Film Festival » inventé par Jacques Richard, ce n’est ni Cannes, ni Berlin, ni Venise, mais il est bien à l’image de la majorité de ces manifestations faites par des fous de cinéma pour des fous de cinéma. Aussi bien, on croisera dans cette « Sélection officielle » un projectionniste joué par Bernard Menez (souvenez-vous, il était le juvénile régisseur de La Nuit américaine justement), l’excentrique fondateur-directeur de festival  joué par Jean-Claude Dreyfus et que voudrait bien remplacer son assistante, sans compter un réalisateur aussi mythomane que parano incarné par Bruno Putzulu et, cerise sur le gâteau, l'inévitable critique de cinéma ici nommé Jean-Michel Bitume joué et déjoué par  Jean-Christophe Bouvet. Mais, place à la nouvelle édition du « Love Film Festival ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CITÉ DE LA PEUR (Le film écrit par les Nuls et réalisé par Alain Berbérian a pour cadre, décor et presque personnage principal un Festival de Cannes joyeusement caricaturé, le pendant du "Love Film Festival " du film de Jacques Richard) ou encore LA NUIT AMÉRICAINE (Comme Truffaut, Jacques Richard nous plonge dans les coulisses du cinéma).

Ainsi que l’indiquait Jacques Richard au moment de la sortie du film : Ce « Love Film Festival » est un petit festival aux moyens financiers limités, comme il en existe de très nombreux en France et ailleurs, le contraire des grosses machines internationales,  mais qui tente de pallier le manque de moyens par de fortes convictions artistiques portées comme c’est le cas ici par son fondateur et directeur Michel Rivière ». Le cinéaste sait bien qu’au delà-des différences formelles et budgétaires, tous les festivals se ressemblent avec leur cortège de moments forts, de déceptions, d’attentes, de rivalités et d’ambitions contrariées ou non. Et comme le montre parfaitement Sélection officielle, un festival de cinéma, c’est également le lieu où se nouent des relations sentimentales complexes et surprenantes.

Sélection officielle, c’est le huitième long métrage de Jacques Richard. Il a débuté sa carrière comme assistant d’Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française puis comme assistant de Benoît Jaquot, Philippe Garrel et Jean Eustache. Il signe son premier film, Né en 1975 avec un jeune acteur nommé Fabrice Luchini. En 1984 pour Rebelote il dirige Jean-Pierre Léaud et Delphine Seyrig. Suivront notamment Ave Maria avec Isabelle Pasco dont l’affiche fit scandale et L’Orpheline avec en plus un bras au moins avec Melvil Poupaud. Et par ailleurs, il réalisa en 2004 un portrait remarqué d’Henri Langlois.

La carrière de Jacques Richard autant que sa pratique de l’autoproduction et son style font de lui une figure proche de celles de Paul Vecchiali ou Jean-Pierre Mocky. Ils ont en commun un amour illimité pour le cinéma qu’ils pratiquent d’une certaine façon comme les francs-tireurs d’une profession qu’ils considèrent avec circonspection. De fait, Jacques Richard les connaît bien ces festivals de cinéma qui luttent chaque année pour leur survie et sont comme des îlots à la fois indispensables et dérisoires d’une cinéphilie ouverte et joyeuse. Il leur rend hommage à sa façon à travers ce film volontairement brinquebalant à l’image des fondus du 7e Art dont il fait le portrait ironique et amusé.