NO DORMIRÁS en VOD
- De
- 2018
- 106 mn
- Fantastique / Horreur
- Argentine | Espagne | Uruguay
- - 12 ans
- VM - HD
PARCE QUE
En 1984, Bianca, une jeune actrice en devenir, décide d’intégrer la troupe de la metteuse en scène Alma Böhn, réputée pour ses méthodes extrêmes. Cloîtrée avec ses acteurs et actrices dans un hôpital psychiatrique à l’abandon, Alma n’hésite pas à employer la torture psychologique, notamment la privation de sommeil, afin de tirer le « meilleur » de ses interprètes. Mais après plusieurs jours sans dormir, Bianca commence à ressentir la présence d’un fantôme, celui d’une ancienne patiente au destin tragique. S’agit-il de simples hallucinations, ou bien d’une porte ouverte vers un autre monde ?
Troisième long-métrage du cinéaste uruguayen Gustavo Hernández Pérez, No Dormirás s’inscrit dans la droite lignée d’un Guillermo Del Toro avec L’échine du Diable ou d’un Juan Antonio Bayona avec L’Orphelinat (chez qui on retrouvait déjà l’actrice Belén Rueda). Le film convoque un certain classicisme horrifique, inspiré entre autres par le roman gothique. Cet asile désaffecté est traité par le film comme un château perdu au milieu de nulle part, peuplé de spectres et d’images macabres, et le personnage de Bianca renvoie à de nombreuses femmes persécutées, terrorisées voire vampirisées, caractéristiques de cette période littéraire. Face à elle, Alma est assimilée par la mise en scène à une figure de sorcière mystique et manipulatrice, toujours insondable, un personnage qui suscite autant la méfiance que la fascination.
Dans sa mise en scène, le film se montre généreux, notamment par un traitement très expressif de la couleur bleue, qui envahit le décor à chaque fois que Bianca décroche de la réalité. Il y a quelque chose d’admirable à voir le film assumer chacun de ses effets de style horrifiques, mêmes les plus outranciers, témoignant ainsi de la grande vitalité du cinéma d’horreur hispanophone, nettement plus développé et populaire que dans d’autres pays européens. On a beau connaître les ficelles du genre, le film nous réserve quelques très beaux sursauts, noyés dans une atmosphère oppressante et maléfique. Et comme il est de coutume, derrière la terreur se manifeste toujours une certaine tristesse mélancolique. Dans le cinéma d’horreur espagnol comme sud-américain, le fantôme est bien souvent moins effrayant qu’il n’y paraît, à condition de faire l’effort de le comprendre.
Enfin, le film de Gustavo Hernández Pérez bénéficie d’une réelle profondeur thématique. Avec cette troupe de comédien-nes soumis-es à l’autorité suprême de leur metteuse en scène, le film évoque forcément la question de l’endoctrinement et des dérives sectaires. Plus spécifiquement, il semble vouloir faire un sort à certaines méthodes employées pour obtenir la meilleure performance possible. Une sorte de paroxysme absurde de l’école de l’Actor’s Studio, dont le principe fondateur est l’abolition partielle de la frontière qui sépare la vie de l’interprète de celle de son personnage.