MARIE ET LES NAUFRAGÉS

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Marie et les naufragés n’est que le deuxième long métrage de Sébastien Betbeder, mais c’est un chiffre trompeur. Un grand nombre de courts et moyens métrages, récompensés dans quantité de festivals, rendent l’œuvre de cet auteur plus conséquente qu’il n’y paraît, et aussi plus cohérente, certains personnages des courts se retrouvant sans transition dans les longs.

Un petit jeu au cœur de Marie et les naufragés, puisque son récit ne parle que de rencontres et d’êtres marginaux qui, contre toute attente, finissent par se trouver. Une ronde folle où l’on découvre tout aussi bien un chanteur devenu gourou, un écrivain en panne d’inspiration ou, au milieu de tout cela, une muse dont tous sont amoureux, la fameuse Marie.

La légèreté du projet, la fantaisie assumée du metteur en scène, le côté loufoque parfois presque surréaliste de bien des situations, place l’œuvre au cœur d’un mouvement où se retrouve plusieurs films et cinéastes, comme La Fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko ou Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador. Une autre veine de la comédie française, transcendé par la muse Vimala Pons, qui semble exercer sur ces metteurs en scène un attrait comparable à celui de Marie sur ses naufragés.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA LOI DE LA JUNGLE (Parce que l'auteur du film, Antonin Peretjatko, semble être le frère d'arme de Sébastien Betdeber, dans sa conception d'un cinéma d'auteur drôle, parfois absurde et volontairement bricolé.) ou encore ELÉNA ET LES HOMMES (Parce que ce classique de Jean Renoir évoque, à travers Eléna, une figure semblable à Marie: une muse drôle et mystérieuse, qui inspire sciemment tous ceux qui gravitent autour d'elle.).

Marie et les naufragés est né sous une bien belle étoile, celle d’Alain Resnais. En relisant un entretien du maître, Sébastien Betdeber a en effet découvert que ce dernier avait pour habitude de donner à ses comédiens des biographies entières de leurs personnages, bios qui servaient la prestation des acteurs mais dont il ne restait souvent absolument rien dans le film. Un hors champ impressionnant sur lequel s’est construit Marie et les naufragés, qui prend plaisir à suggérer les vies de ses protagonistes, et même à nous présenter des êtres sympathiques qui apparaissent le temps d’une scène, avant de disparaître totalement. Tout un monde effleuré qui grouille entre les lignes du récit.

Au cœur du long métrage se tient Vimala Pons, égérie des comédies françaises un peu fantasques. Une évidence qui a peut-être fait peur au metteur en scène, qui imaginait au départ plutôt une parfaite inconnue avant de changer d’avis au moment des essais, où la comédienne s’est apparemment imposée sans difficultés. Betdeber avait également en tête un audacieux choix de casting qui ne s’est pas matérialisé : proposer le rôle du chanteur vieillissant, Cosmo, au musicien Sébastien Tellier, en même temps que la bande son du film et la musique du dit Cosmo. Tellier, qui a inspiré le cinéaste pour l’écriture du personnage, a fini par accepter la bande son mais a refusé le rôle, repris par André Wilms.

Tous les films de Betdeber se répondant les uns les autres, Marie et les naufragés n’est pas une exception. Mais la correspondance est ici plus subtile. Pour le réalisateur, les « naufragés » qui gravitent autour de Marie sont en effet des versions plus âgées, plus matures ou désabusés des héros de son premier long métrage, Deux Automnes trois hivers. Des « grands frères », selon les mots de l’auteur. A cela s’est ajouté une envie paradoxale de voyage et de proximité : dépasser un univers géographique un peu cloisonné, sauter dans un inconnu, tout en restant en France. Filmer une île, et un bout du monde, finalement pas si éloignés. Une façon élégante de rappeler que les distances, surtout au cinéma, restent dans la tête.

Il faut avouer que la première partie du film, le premier acte, n'est pas particulièrement engageant. Par son classicisme on ne sait pas trop comment les choses vont pouvoir évoluer de manière intelligente. Et pourtant, très vite, ce début de film se révèle plutôt pertinent ...

Dire de Marie et les Naufragés qu'il s'agit d'un film bizarre, ésotérique et j'en passe serait perdre sa véritable essence, sa qualité première. On se confronte davantage à son aspect poétique et décalé, rendant chaque scène, chaque mot et intonations de phrase à la ...

/!\ je spoil potentiellement /!\ Lundi 9 janvier 2017, il est 13h. Deux choix s'offrent à moi, trouver un plan pour mon mémoire ou regarder un film. Autant vous dire que le choix fut vite fait. C'était sans compter sur un autre problème, quel film ? Parce que je me connais, ...