LES POINGS DESSERRÉS

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Ada étouffe dans la ville minière du Caucase où elle est née. Les Poings desserrés de Kira Kovelensko brosse le portrait de cette jeune femme trop couvée par sa famille. Ecrasée par l’amour de son père veuf, de son frère et d’un prétendant envahissant, elle rêve de fuir et de découvrir de nouveaux horizons.  Il s’agit du deuxième long métrage de la réalisatrice née en 1989, après Sofichka (2016) où elle évoquait également la vie d’une jeune femme. Le film a obtenu le Prix Un certain regard au Festival de Cannes en 2021 et le prix du Meilleur montage aux European Film Awards.  

De 2010 à 2015, Kira Kovalenko a été l’élève d’Alexandre Sokourov, réalisateur notamment de L’Arche Russe (2002) et du Soleil (2005). Ce dernier animait alors un atelier de cinéma installé à Naltchik. La jeune femme est originaire de cette ville, capitale de Kabardino-Balkarie, l’une des sept républiques autonomes du nord du Caucase. Son coscénariste Anton Yarush a suivi le même cursus qu’elle. Avant Les Poings desserrés, il a aussi écrit Testnota, une vie l’étroit (2017) de Kantemir Balagov, un autre élève de Sokourov. 

La réalisatrice admet volontiers se sentir proche de ce que ressent son héroïne. Elle a eu la chance d’avoir des parents moins étouffants que le père de cette dernière ce qui lui a donné la possibilité de s’émanciper. Le personnage d’Ada correspond a une période des toutes-jeunes années de la cinéaste où elle rêvait de prendre sa vie en main, ce que le cinéma lui a permis de faire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TESNOTA, UNE VIE À L'ÉTROIT (Parce que cette histoire d'enlèvement réalisée par Kantemir Balagov permet de découvrir l'âpreté de la vie en Russie.) ou encore FAUTE D'AMOUR (Parce que ce merveilleux film signé Andrey Zvyagintsev plonge dans la Russie de la fin des années 2010.).

La réalisatrice a eu l’idée des Poings desserrés après avoir lu L’Intrus, roman de William Faulkner. La citation « La plupart des gens ne peuvent supporter l’esclavage, mais aucun homme ne peut manifestement assumer la liberté » l’a particulièrement marquée. C’est parce qu’elle s’interrogeait sur les notions de liberté et de mémoire qu’elle a commencé à écrire l’histoire d’Ada. L’expression « la violence de l’amour » l’a hantée pendant tout le travail d’écriture. Selon elle,  les personnages du film ressentent autant d’amour que de frustration et expriment leurs traumas par la violence ce qu’elle voulait faire partager aux spectateurs.

La cinéaste a choisi de tourner à Mizour, village minier en Ossétie, qui lui rappelait sa ville d’origine. Elle trouvait ce lieu particulièrement approprié par ce qu’elle n’y voyait rien de beau ce qui lui semblait correspondre à son intrigue et au désir de fuite de son héroïne. Le tournage s’est déroulé en mars-avril 2019. Le film a été tourné en Ossète, une langue que Kira Kovalenko ne maîtrise pas. Elle communiquait en russe avec son équipe et ses comédiens. Elle trouvait intéressant de les entendre jouer dans une langue qu’elle ne comprenait pas ce qu’elle avait déjà fait pour son film précédent, Sofitchka, dont les interprètes s’exprimaient en langue abkhaze. 

Trouver les acteurs n’a pas été facile. La réalisatrice s’est fait aider par une jeune Ossète qui a écumé école, universités, salles de sports et associations à la recherche des oiseaux rares. Milana Agurazovan qui incarne Ada, était étudiante comédienne à l’université de Vladikavkaz et qui joue son père était acteur dans un théâtre équestre.Tous deux font leurs débuts à l’écran et ont beaucoup répété avec la réalisatrice pour mettre au point leurs personnages.  Les autres interprètes du film ne sont pas des professionnels. Le chef opérateur Pavel Fomintsev n’avait travaillé que pour la télévision avant d’être engagé sur Les Poings desserrés. Son expérience s’est révélée précieuse pour la réalisatrice qui ne bénéficiait que de 27 jours de tournage.

Oppressant, opaque, parfois même dérangeant, ce second film de Kiva Kovalenko nous plonge ici en Ossétie du Nord, république de la fédération de la Russie. On ressent tout le mal d'une partie très importante de la Russie, plus précaire, rongée par la pauvreté, la guerre ...

Les Poings desserrés est enveloppé d’une sorte de chape de plomb, qui écraserait les personnages, les situations. Pas seulement celui d’Ada, l’héroïne, mais tous, le père, le frère, le petit ami/courtisan » ont l’air d’être en prison, enfermés dans leur solitude, ...

Une poignée de minutes suffit pour ressentir presque physiquement l'ambiance sinistre qui règne dans la petite ville du deuxième long-métrage de Kira Kovalenko, Les poings desserrés, située en plein Caucase, et plus précisément en Ossétie du Nord. Son héroïne, Ada, a ...