LE GAMIN AU VÉLO

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C’est l’histoire d’un gosse dont le père ne veut plus s’encombrer. Etre assigné au rôle d’orphelin par choix plutôt que par circonstances voilà qui raconte le désir à l’envers. Le « Gamin au vélo » nous vient de Belgique, il est signé des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne il est sorti sur les écrans en 2011.

Le vélo, symbole de liberté, est le moteur d’un abandon, et son absence illustre une perte d’identité. Du coup, plutôt qu’un père qui se refuse à ce rôle c’est d’une mère de substitution dont le jeune Cyril devra se doter avant de se mettre en quête d’une petite reine pour recouvrer son libre arbitre.

C’est le premier film de Thomas Doret qui incarne le gamin, il avait 14 ans au moment du tournage. La bonne fée sociale est jouée par Cécile de France, quant à Jérémie Rénier il incarne le père indigne. Olivier Gourmet est là aussi, dans un second rôle. Voici, dans la jungle du plat pays l’histoire d’un gamin dont on ne voulait plus.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LADYBIRD DE KEN LOACH (1994) (Loach est le mentor des frères Dardenne avec son cinéma social et naturaliste. Dans ce film il raconte comment l'administration retire ses enfants à une femme à cause de sa vie précaire et de ses mauvaises rencontres.) ou encore JE RÈGLE MON PAS SUR LE PAS DE MON PÈRE DE RÉMI WATERHOUSE (1999) (L'histoire d'un jeune adulte qui retrouve son père et devient, à son insu, son complice dans de petits trafics. Le lien caché permet au regretté Waterhouse, prématurément disparu, de proposer un film drôle et mélancolique où Jean Yanne trouve un de ses meilleurs rôles.).

Les frères Dardenne ont le redoutable privilège d’être doubles palmés d’or à Cannes pour « Rosetta » (1999) et « L’enfant » (2005). Observateurs naturalistes d’une forme de cruauté sociale, ils ont su dès « Rosetta » montrer les désarrois des plus jeunes. C’est à nouveau le cas avec ce gamin et ce vélo, qui traite du refus de paternité. En l’occurrence ce n’est plus tuer le père dont il s’agit mais de tuer le fils.

Le film est né d’une anecdote rapportée au tandem de cinéastes par un juge, en 2003, l’histoire d’un gamin qui, comme en un conte de fée tragique, montait sur un toit pour regarder si d’aventure son père, qui l’avait abandonné, ne revenait pas. Le titre de travail de cette oeuvre fut « Délivrez-moi » avant de se transformer en « Le gamin au vélo ». Les cinéastes ont tourné à grande vitesse, 55 jours, pas à Pékin mais dans la région de Liège. Pour une fois ils ont fait appel à une actrice célèbre et bankable, la singulière Cécile de France.

L’inspiration tragique des contes de fée est revendiquée par les Dardenne, avec derrière leur petit Poucet, un ogre, le dealer qui échange de la camaraderie contre un traffic de paradis artificiel. Le film a reçu le Grand Prix du festival de Cannes 2011, soit la médaille d’argent derrière la palme d’or de Terrence Mallick pour « The tree of life ». Ça valait le coup de monter en danseuse.

Le réalisme chez les Dardenne est une contrainte, autrement dit tant une éthique qu'une esthétique. Si le cadre de leur film s'intéresse à ce gamin, pour autant tout ne s'y réduit pas et constamment une force centrifuge exige de la présence des personnages secondaires la ...

Quête d'amour effrénée, besoin exclusif de retrouver un père, SON père, envers et contre tout, Cyril a 12 ans et une seule idée en tête: être reconnu et aimé de son géniteur. Thomas Doret incarne magnifiquement le garçon en souffrance que ce manque et son trop plein ...

Dans un cadre millimétré les Dardenne travaillent au corps à corps les réflexes trop rapides, les réponses pré-mâchées d'un scénario tentateur : le film est parcouru par des contre-mouvements dont on ressent puissamment l'énergie sans qu'ils éradiquent les cadenas d'autres ...