LE 17E CIEL (VERSION RESTAURÉE)

en VOD

Après avoir tourné une dizaine de courts-métrages dont un avec Jean-Louis Trintignant, Serge Korber a profité de sa complicité avec l’acteur pour lui offrir le rôle principal de son premier long-métrage, une comédie romantique sur deux solitaires qui rêvent d’une vie meilleure, et qui en se rencontrant finissent par vivre leur rêve.

Trintignant y incarne un laveur de carreaux qui se fantasme en agent secret ou en star de la chanson, jusqu’au jour où il repère au 17ème étage d’un immeuble de la Défense une fille jouée par Marie Dubois, dont il tombe amoureux immédiatement. Lorsqu’elle part en vacances, il la suit jusqu’en Bretagne où ils se mentent mutuellement pour rester ensemble : il se fait passer pour un écrivain et elle pour la châtelaine, alors qu’elle n’est que la bonne.

L’histoire est racontée avec très peu de dialogues et beaucoup d’inventivité, laissant la porte ouverte à toutes sortes de variations poétiques et humoristiques. Les comédiens apportent une fraîcheur paradoxale à cette histoire de mensonge qui finit par révéler une vérité forte.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY (Même histoire d'un homme ordinaire qui compense la banalité de sa vie dans les rêves mais se voit obligé de passer à l'action .) ou encore PROFESSION : REPORTER (Variation dramatique sur le même thème de la romance occasionnée par une usurpation d'identité.).

Serge Korber est venu au cinéma par sa mère qui l’emmenait tous les jeudis au cinéma, boulevard St Marcel à Paris. Dans les années 50, il fréquente assidûment la cinémathèque où il rencontre Chabrol et Truffaut. C’est grâce à ce dernier qu’il devient assistant réalisateur pour Les films du Carrosse et que le producteur Pierre Braunberger accepte de produire ses premiers courts-métrages. De fil en aiguille, il rencontre Marin Karmitz qui le produit, puis Agnès Varda qui lui confie un rôle dans Cléo de 5 à 7.

Serge Korber débute dans le long métrage avec Le 17ème ciel qu’il définit comme étant un film sur le mensonge, vaguement inspiré des Fausses confidences de Marivaux. On y voit deux personnages qui se mentent par peur de voir l’autre leur échapper. L’intérêt repose sur le fait que le spectateur sait ce que les personnages ignorent. A sa sortie, Le film est parfois salué pour ses trouvailles et sa fantaisie, mais le succès n’est pas au rendez-vous. Korber rebondit en suivant le conseil de Michel Audiard et se lance dans la comédie populaire. C’est ce qui lui vaut de rencontrer Louis de Funès qu’il fera tourner deux fois, dans la comédie musicale L’homme orchestre, puis Sur un arbre perché, qu’il destinait à l’origine à Yves Montand et Annie Girardot.

En 1975, après Ursule et Grelu, Korber décide de se lancer dans le porno à titre expérimental, à la suite d’un pari avec Chabrol et Truffaut. L’idée était de faire reculer la censure. Sous le pseudonyme de John Thomas, Il tourne L’essayeuse qui lui vaut une interdiction et une lourde amende. Après quelques autres tentatives dans le genre, il revient à la comédie traditionnelle en faisant tourner les Charlots, avant de coécrire avec Michel Audiard le scénario de Canicule d’Yves Boisset. Puis il travaille pour la télévision, et réalise en 1996 une adaptation de la bande dessinée Les Bidochon. Dans les années 2000, il tourne des documentaires sur Maurice Béjart, Jean Gabin ou Boris Vian. Au total, il a réalisé une cinquantaine de films, au fil d’une carrière très libre qui lui aura permis de travailler dans des registres très variés sans avoir besoin de se répéter.