LA BELLE NOISEUSE (VERSION RESTAURÉE)

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Dans La Belle Noiseuse, proposé ici en version restaurée, Michel Piccoli incarne un peintre célèbre qui n’a jamais pu terminer un tableau qui lui tient à cœur. Dix ans après l’avoir commencé en prenant son épouse pour modèle, il reprend son œuvre en faisant poser une belle jeune femme. Emmanuelle Béart et Jane Birkin trouvent des rôles fascinants dans cette réflexion sur la création et les rapports entre un artiste et sa muse. La Belle Noiseuse permet à Jacques Rivette d’adapter de nouveau une œuvre d’Honoré de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu. L’auteur l’avait déjà  inspiré pour Out 1 : Noli Me Tangere (1971).

La « Noiseuse » qu’évoque le titre est « celle qui cherche la querelle », une enquiquineuse en quelque sorte. Elle fait montre d’une forte personnalité refusant de n’être qu’un objet pour le peintre ce qui agace fort ce dernier tout en le séduisant. Le jeu de chat et de souris entre l’artiste et sa nouvelle muse sont tout aussi creusée que les rapports de cette dernière avec la femme du peintre qui était sa première inspiration pour le tableau. 

Jaques Rivette avait envie de traiter ce sujet depuis des années. La réalisatrice Claire Denis, qui a signé le documentaire Jacques Rivette, le veilleur en 1990, l’a encouragé dans ce projet en lui envoyant notamment des cartes postales de toiles de maîtres, pour lui témoigner son soutien.

 Le film a été distingué par le Prix du jury du Festival de Cannes qui lui a donné son Grand prix en 1991.Il a également reçu cinq citations aux César l’année suivante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SONGE DE LA LUMIÈRE (Victore Erice évoque le travail d'un peintre dans ce film magistral où l'artiste tente de reproduire la lumière du soleil sur un cognassier.) ou encore LA JEUNE FILLE À LA PERLE (Peter Webber filme la relation du peintre Vermeer (joué par Colin Firth) avec la jeune servante qui lui inspirera une toile mythique (incarnée par Scarlett Johansson).).

Peu de temps avant sa mort, Akira Kurosawa a déclaré que La Belle Noiseuse était l’un de ses deux films préférés des années 1990 (Le second étant Hana-Bi de Takeshi Kitano). Il a même affirmé qu’il aurait aimé diriger La Belle Noiseuse tant le film lui semblait juste dans la description des épreuves que rencontre un artiste pour donner naissance à son œuvre.  Pascal Bonitzer et Christine Laurent ont prêté main-forte à Jacques Rivette pour écrire La Belle Noiseuse. Il n’y avait pourtant pas de scénario précis. Le tournage se déroulait selon l’ordre chronologique  de l’histoire. Ce qui avait été tourné la veille influait sur ce qui allait être mis en boite le lendemain. 

L’artiste Bertrand Dufour a, quant à lui, prêté ses mains à Jacques Rivette pour les gros plans où on voit Michel Piccoli peindre. Emmanuelle Béart a dû poser en privé pour lui afin qu’il puisse la dessiner nue pour les dessins qui sont montrés dans le film. Le réalisateur tenait à ce qu’on voit les traits apparaître en direct au fur et à mesure de la création. Le réalisateur faisait référence au peintre et à son tableau dans son film précédent, La Bande des quatre, où les héros évoquent la toile comme une œuvre mythique. 

Emmanuelle Béart s’était fait connaître du grand public dans Jean de Florette et Manon des sources de Claude Berri avant de devenir La Belle Noiseuse. Selon elle, le tournage du film de Jacques Rivette a été l’un des plus exigeants physiquement et émotionnellement qu’elle a jamais connus. Elle a avoué n’avoir jamais eu le courage de revoir le film tant elle s’est y est mise à nu à tous les sens du terme. Elle ne l’aurait regardé qu’une fois, lors de la projection officielle à Cannes en 1991. Une version courte du film, Divertimento, a été distribuée en salle en 1993.

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