FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE

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Mettons tout de suite les choses au point pour qu’il n’y ait aucun malentendu ni plainte ultérieure : si vous vous attendez à regarder une de ces productions olé-olé dont le budget costumes et les dialogues sont réduits au strict minimum, passez votre chemin ! Non, « Fièvre méditerranéenne » est d’une toute autre ambition.  

La réalisatrice israélienne Maha Haj y dépeint la dépression chronique d’un père de famille vivant à Haïfa. Cet homme qui voudrait devenir écrivain va faire la connaissance de son nouveau voisin, un escroc ! Tous deux seront vite inséparables, chacun aidant l’autre à s’accomplir. 

Fragilité masculine, désirs inassouvis, contexte politique compliqué, le ton balance constamment entre la comédie sociale et le film noir. Un mélange délicat et touchant porté par les deux comédiens principaux que la plupart d’entre vous allez découvrir, Ashraf Farah et Amer Hlehel. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GENOU D'AHED (Confronter ses désirs d'artistes (assumés ou rêvés) au rude contexte du Moyen-Orient n'est pas choses aisée. Le cinéaste et l'apprenti écrivain de ces deux films vont en faire l'expérience...) ou encore LE CHANTEUR DE GAZA (Difficile d'accomplir ses rêves quand on est palestinien et que l'on souhaite devenir artiste, que ce soit écrivain ou chanteur...).

« Fièvre méditerranéenne » est le deuxième film de Maha Haj après le très remarqué « Personal affairs » sorti en 2017. Présenté à Cannes dans la sélection 2016 de « Un certain regard », cette chronique familiale se baladant entre Israël, la Palestine et la Suède avait ému le public. On retrouve ce ton dans le film que vous venez de regarder. Il est la preuve de la vivacité du cinéma israélien qui, depuis les années 70, et après une décennie marquée par la production de séries B comiques très populaires, s’est clairement positionné sur le registre de la contestation sociale et politique. 

Amos Gitaï a été un des pivots majeurs de ce changement d’axe. Ses deux premiers documentaires en 1980 et 82 ont été censurés par la télévision israélienne, jugés subversifs dans leur manière de raconter l’évolution du pays depuis la guerre du Kippour à laquelle il a activement participé en tant que militaire. Gitaï s’exilera dix ans en France avant de revenir au pays dans les années 90, développant une œuvre majeure sur les thématiques des racines, de la mémoire, de l’identité comme « Esther », « Golem, l’esprit de l’exil », « Kadosh », « Kippour » ou « Kedma »...  

Trouvant un large écho au sein des plus grands festivals de cinéma du monde, nommés dix fois à l’Oscar du meilleur film étranger, les films israéliens ont permis de révéler et de reconnaître des artistes importants qui tendent régulièrement la main aux Palestiniens et militent pour l’apaisement des tensions. Parmi ces cinéastes, citons le travail de Ronit Elkabetz, (« Les sept jours »), Joseph Cedar, (« Footnote »), Ari Folman, (« Valse avec Bachir »), Elia Suleiman, (« It must be heaven »), notamment. 

Des cinéastes palestiniens, l'on attend forcément des prises de position fortes sur la situation vécue et subie par leurs compatriotes, quel que soit le territoire où ils vivent en Israël. Cet aspect est évidemment bien présent dans Fièvre méditerranéennes, et bien ...

... ou comment sortir d'une dépression. En tout cas la "fièvre méditerranéenne" ne sert qu'à brouiller les pistes. Si fièvre il y a, c'est celle qui fait souffrir intérieurement Walid, romancier palestinien en totale panne d'inspiration. Mais c'est ...