FÉVRIER

en VOD

Qu'est ce qui fait l'âge de quelqu'un ? Ses années cochées sur un calendrier ou son rapport au monde ? Février relativise le concept de temps qui passe en revenant sur trois périodes de la vie d'un Bulgare. Selon qu'il ait huit, dix-huit ou quatre-vingt-deux ans, il est à la fois lui-même et plus tout à fait. Pas tant parce qu'il a vieilli que par ce que son environnement à évolué à une vitesse différente de la sienne. 

Il ya trois époques bien distinctes dans Février. Des formes différentes aussi, ici un passage onirique, là une séquence historique, mais tout reste tendu par un principe de flux différents, contradictoires mais que rien ne peut arrêter. 

Et pourtant, Kamen Kalev signe un film méditatif, autour de Petar, berger en retrait, plus en phase avec la nature et les animaux qu'avec les hommes. Il est soumis comme tout un chacun au cycle de la vie, mais accepte de le traverser paisiblement, perpétuant les rites de son métier. Kalev extrayant de ce parcours, un lyrisme rural, la beauté qui peut se cacher derrière l'ordinaire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HONEYLAND (Le portrait d'une apicultrice turque vivant en retrait du monde, fait écho à Février.) ou encore PADRE PADRONE (Une autre chronique de vie solitaire, dans l'Italie rurale des années 40).

Le dispositif narratif de Février est simple en soi : trois étapes symboliques de la vie d'un homme – l'enfance, l'âge adulte, la vieillesse, mais Kamen Kalev a voulu y faire entrer bien plus, en faire un récit autour du déterminisme. Y compris un potentiel impact sur le réalisateur lui-même : Février est empreint du parcours de son grand-père, un berger bulgare ayant vécu les profonds changements connus par l'Europe de l'Est au gré du XXe siècle. Février doit d'ailleurs sans doute beaucoup aux tentatives de Kalev pour en apprendre plus sur son aïeul.Alors qu'il était étudiant en cinéma à Paris, il est souvent reparti en Bulgarie voir ce grand-père, pour le filmer. Sans que rien ne parvienne à percer les pensées d'un homme humble et taiseux.  

Un mystère a particulièrement marqué Kalev : à la fin de sa vie, son grand-père a tout tenté pour rapatrier sa sœur dans le village où ils ont grandi. Cet inexplicable revirement venant de quelqu'un qui aura passé plus de temps à vivre en solitaire, au contact de la nature a été le point de départ de Février, initialement conçu comme un court métrage. Il en restera des traces dans la troisième partie du film. La seconde remplit les vides d'une absence. Le lendemain de son mariage, son grand-père est parti faire son service militaire pour n'en revenir que trois ans plus tard, sans avoir donné de nouvelles à son épouse entre temps. La première, est la plus fictive : Kalev ayant imaginé comment un enfant crée son propre monde. 

Restait à trouver des acteurs pour interpréter les différents âge de Petar. Kalev aura recours à deux acteurs non-professionnels pour l'enfant et l'adulte et à Ivan Nalbantov, un vétéran – avec qui il avait déjà travaillé sur Eastern plays, son premier film, pour le vieillard. Qu'ils ne se ressemblent pas ou jouent différement n'était pas un enjeu pour le réalisateur qu'il soit crédible qu'ils viennent tous trois d'un même endroit, soient imprégnés par les gestes, les usages, la langue de la Bulgarie rurale. Et confirmer que Février était bien une histoire de racines.

Février est beau, même très beau si vous aimez les paysages ruraux Cependant, il ne faut pas attendre trop de son histoire et de ses personnages. Ils sont là, attachant et intéressant, mais vraiment peu développé C'est un ode à la nature, à l'Éternel, dans sa contemplation, ...

-Je viens de le terminer, le film est incroyable, un mélange étonnant de Straub et de Tarkovski (oui oui!), avec une petite pincée d'Antonioni et de Bresson, c'est vraiment étonnant, le film a de la gueule, c'est très élégiaque, très fin, très léger, presque muet, ça ...

Pendant le Tour de France, il m'est plus difficile d'aller au cinéma l'après-midi. Et donc, là, alors que j'essaie d'en profiter au maximum tant que ça dure, la seule possibilité (hors salles commerciales, que j'évite autant que possible, pas envie de filer mon pognon à ...