ETÉ 85

en VOD

Pour son dix-neuvième film depuis Sitcom en 1998, François Ozon a choisi d’adapter un roman de l’écrivain britannique Aidan Chambers, La Danse du coucou. Le film Eté 85 raconte ainsi la rencontre au Tréport, sur la côte normande, d’Alexis, 16 ans  et David, 18 ans, ce dernier sauvant héroïquement de la noyade le premier au cous d’une sortie en mer. Une amitié profonde s’instaure alors entre les deux jeunes hommes…

Le titre du film de François Ozon, Eté 85, fait explicitement référence à l’année où âgé de dix-sept ans le futur cinéaste a lu le roman de Chambers avec enthousiasme : "Il parlait intiment à l’ado que j’étais" a-t-il ainsi déclaré lors de la sortie du film. » Plus tard, réalisant ses premiers courts métrages, Ozon s’était dit que son premier long métrage serait une adaptation du roman. Mais c’est bien des années après qu’il a mis en œuvre ce souhait, persuadé qu’il était qu’un cinéaste américain ne manquerait pas de le porter à l’écran avant lui.

Juste après le tournage de son précédent film Grâce à Dieu, le cinéaste a relu La Danse du coucou et il raconte sans détour : "J’ai eu un choc car j’ai réalisé que beaucoup de scènes ou de thèmes du livre, je les avais déjà filmés : le travestissement dans Une robe d’été et Une meilleure amie, la scène de morgue dans Sous le sable, une relation avec un professeur dans Dans la maison, le cimetière dans Franz, entre autres. Ce livre avait nourri mon imaginaire. Le temps était venu de l’adapter pour lui-même !"

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CALL ME BY YOUR NAME (C'est le temps d'un été également la découverte chez un adolescent de la sensualité et des sentiments amoureux passionnés.) ou encore LES ROSEAUX SAUVAGES (André Téchiné livrait sa propre vision de la découverte amoureuse et du passage de l'amitié à l'amour entre deux adolescents).

Le film se montre d’une grande fidélité au roman d’Aidan Chambers, dans la mesure notamment où il ne problématise jamais l’homosexualité, comme de nombreux autres films l’ont fait jusqu’ici. Alex et David s’aiment et le fait que ce soit deux garçons n’est pas l’un des enjeux dramaturgiques du film. Ozon assume par ailleurs parfaitement les codes et les règles du « teen movie » en filmant cette romance de façon classique, sans ironie, ni second degré et comme une histoire d’amour universelle, par conséquent. Quant à la phrase finale du film, dite en voix off, « La seule chose qui compte, c’est d’échapper d’une manière ou d’une autre à son histoire », c’est celle qui conclut le roman également.

S’il n’a pas souhaité participer à l’élaboration du scénario adapté de son roman, Aidan Chambers s’est en revanche montré un spectateur anxieux, attentif et finalement heureux du film de François Ozon. Au moment de la sortie de Eté 85, il ainsi déclaré : « Après plusieurs projets avortés et trente-cinq ans d’attente, François m'a donné ce que j’attendais. Le résultat est un beau film, à mon avis l’un de ses meilleurs, et je me dis qu’aujourd’hui à 85 ans, ça valait la peine de patienter ! »

Comme on la vu et entendu, et comme souvent d’ailleurs dans le cinéma de François Ozon, la musique tient une place importante dans l’histoire. Ainsi la scène de la danse sur la tombe. Dans le roman, il s’agit de la musique du générique de Laurel et Hardy, une musique évoquant une petite danse de coucou, d’où la traduction française du titre. C’est Félix Lefebvre, alias Alexis dans le film, qui a suggéré au cinéaste d’utiliser la chanson de Rod Stewart, Sailing qui date en fait de 1975 et dont le rythme et les paroles sont en effet particulièrement adaptés.

On pense souvent, devant Eté 85, à l'exploration de l'adolescence, comme dans Jeune et Jolie, ou encore au magnétisme de Plein Soleil. Tandis que les promesses de la voix off atone du héros parlent de sang, d'un crime, de la mort. C'est oublier sans doute que François Ozon ...

C'est ce que raconte ce très joli Été 85. Il faut dire qu'un premier amour, surtout vécu à seize ans, est souvent idéalisé. Et cette rencontre amoureuse, cette histoire d'amour nous est racontée du point de vue de ce très jeune homme de seize ans : Alexis, ...

On devrait le savoir, à présent : François Ozon aime les jeux de faux-semblants, de fausses pistes. Puisant dans sa découverte adolescente et émue du livre d’Aidan Chambers, « La Danse du coucou » (« Dance on my grave » 1982), il adapte le roman de l’écrivain anglais ...