D'OÙ VIENS-TU JOHNNY ?

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1963 représente une année cruciale pour Johnny Hallyday : après avoir été consacré super star incontestée de la nouvelle scène française au concert gratuit de la place de la Nation, le cinéma lui offrait la possibilité d’envisager en parallèle une carrière d’acteur, de la même façon qu’Elvis Presley quelques années plus tôt. Le résultat hybride tient à la fois du western, du récit d’aventures et du film de gangsters, le tout en France.

Le début, en noir et blanc, montre Johnny en train de répéter dans le sous-sol d’un bar parisien, en échange de menus services. Lorsqu’il se rend compte que ses employeurs appartiennent à la pègre, Johnny se réfugie en Camargue où il a passé son enfance, jusqu’à ce que ses poursuivants le rattrapent.

C’est l’occasion d’une série de péripéties hautes en couleur  incluant des cavalcades, des bagarres et des corridas, sans oublier les numéros musicaux. Pour la première fois, Johnny chante quatre morceaux originaux, spécialement composés pour le film, dont le titre qui deviendra un tube : « Pour moi la vie va commencer ». Le film remporte un succès indiscutable, terminant en dixième position au box-office national avec près de 3 millions d’entrées.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SPÉCIALISTE (Johnny est à nouveau le héros d'un western européen signé Sergio Corbucci.) ou encore LES SALAUDS VONT EN ENFER (Deux détenus s'évadent d'un pénitencier pour échapper à la pègre et trouvent refuge en Camargue.).

D’où viens-tu Johnny reproduit au cinéma la même formule qui a fait le succès de la musique yé-yé popularisée par Johnny, et qui consiste à exploiter un artefact de la culture populaire américaine en le transposant en français.  Ici, la Camargue tient lieu de Far-West, les gardians sont les cowboys, et les gitans les Mexicains. Même les gangsters roulent en voiture américaine, mais c’était une convention déjà établie dans le cinéma français depuis la fin de la guerre. Pour enfoncer le clou, la production a confié la mise en scène à l’américain Noel Howard, jusqu’alors un réalisateur de seconde équipe qui a travaillé sur quelques très grosses productions hollywoodiennes comme La terre des pharaons de Howard Hawks, Lawrence d’Arabie de David Lean ou Les 55 jours de Pékin de Nicholas Ray.

Avec ses partis-pris très conformistes, D’où viens-tu Johnny marque une rupture claire avec les films des années 50, qui ont contribué à représenter les jeunes comme des rebelles et des potentiels délinquants. Pour la première fois, le jeune musicien incarné par Johnny est clairement identifié comme un héros positif. Ce changement intervient à l’époque où le public français commence à s’inquiéter de la prolifération réelle ou imaginaire des bandes de jeunes appelés blousons noirs. La menace était amplifiée par les incidents qui avaient eu lieu la même année au fameux concert de la Nation, où des casseurs avaient troublé la fête.

Il était donc impératif pour Johnny de se démarquer de toute connotation négative. C’est pourquoi le film le représente sans ambiguïté : il jette la drogue dans la seine, et il s’oppose aux hors-la-loi. Dans la vraie vie, il a fait sagement son service militaire, et adopté un comportement irréprochable. Bon gré mal gré, ses contemporains ont suivi son exemple, et ceux qui ne l’ont pas fait ont vu leur carrière s’enliser, comme Vince Taylor. Certains critiques ont exprimé leur réserve face à ces manifestations exagérées de bons sentiments, regrettant que le twist se range au côté de la famille et de la patrie. Quoiqu’il en soit, le succès du film a ouvert une nouvelle voie à Johnny qui tournera dans une trentaine de films.

Johnny est un jeune homme sans histoire qui vit paisiblement jusqu'au jour où Marcel,un truand trafiquant de drogue, lui demande de récupérer une valise dans une consigne. Le pauvre Johnny est à cent lieues de penser qu'il s'agit là d'un cadeau empoisonné car la police se ...