ARTHUR 2 : DANS LA DÈCHE

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Producteur et réalisateur d’innombrables émissions de variété, Bud Yorkin a 62 ans lorsque Arthur 2 : Dans la dèche, le huitième titre de sa filmographie, sort aux Etats-Unis en juillet 1988. Il s’agit, bien sûr, de la suite d’Arthur, l’unique film réalisé par Steve Gordon, sorti sept ans plus tôt et dont l’énorme succès imposait, évidemment, une suite.

Vous allez donc retrouver – toujours sur la musique de Burt Bacharach – Arthur, alias Dudley Moore, ce riche héritier, fantasque et légèrement alcoolique, qui, à la fin du premier film, vous vous en souvenez, laissait tomber la riche Susan qu’il était sur le point d’épouser, pour la pauvre Linda, alias Liza Minneli, serveuse dans un snack-bar et voleuse à ses heures. 

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si le papa de Susan ne profitait de cette suite pour venger l’honneur de sa fille ! Petite précision, ne vous étonnez pas de retrouver ici Hobson, le so british valet de chambre d’Arthur, pourtant mort et enterré à la fin du premier opus. Logique est la présence de son fantôme, eu égard au succès remporté par ce personnage et par son interprète, le grand John Gielgud (84 ans) qui, incroyable mais vrai, avait, pour ce rôle, reçu l’unique Oscar de sa prestigieuse carrière ! 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ARTHUR (1981) (Premier partie des aventures du fantasque héritier, déjà incarné par Dudley Moore.) ou encore L’EXTRAVAGANT MR DEEDS (1936) (Héritier d’une grosse fortune, le brave Longfellow Deeds finira, lui aussi, par trouver la femme de sa vie.).

Dudley Moore qui, malgré son échec au box office, déclara préférer ce film au précédent, est un drôle de personnage. C’est d’abord la musique qui lui permit d’échapper à sa vie d’enfant et d’adolescent mal dans sa peau, handicapé par une relative petite taille et un pied bot. A 14 ans, ce jeune Londonien obtient une bourse lui permettant de continuer sa formation musicale à Oxford. Parallèlement au « Dudley Moore Trio », qui va se produire régulièrement sur les écrans de la BBC, il commence à faire l’acteur, également à la télévision. En 1965, il anime même sa propre émission : Not only... but also. Deux ans plus tard, sa rencontre avec Stanley Donen va lui permettre de laisser libre cours à tous ses talents.

En effet, non seulement il sera le partenaire de Raquel Welch dans Fantasmes, la comédie dont il avait coécrit l’histoire originale avec son fidèle compère Peter Cook, mais, en plus, il en composera la musique, tout comme il composera celle de l’Escalier, le film que Donen réalisera juste après, avec Rex Harrison et Richard Burton en amants aigris. En 1978,  Moore et Cook coécriront aussi l’adaptation du Chien des Baskerville, de Conan Doyle, lorsque Paul Morrissey décidera d’en tourner sa version, avec Cook en Sherlock Holmes et Moore en Docteur Watson. Ce sera l’imposant succès de Elle (1979), la comédie sentimentale de Blake Edwards, qui fera de lui une véritable star, que la reine Elizabeth n’hésitera pas à faire commandeur de l'empire britannique. Atteint d’une rare maladie dégénérative, Dudley Moore devait disparaître à l’âge de 66 ans, en mars 2002. 

Sir John Gielgud – né à Londres « Arthur » Gielgud – a 84 ans lorsqu’il endosse pour la seconde fois le frac d’Hobson, un rôle qu’il avait fini par accepter, sept ans plus tôt, pour le premier Arthur, uniquement en raison du confortable cachet annoncé. A cette époque, il était encore très actif, passant d’Elephant Man aux Chariots de feu, tout en représentant la couronne britannique, face à Ben Kingsley, dans Gandhi. Trois mois avant de le retrouver en fantôme dans Arthur 2, les spectateurs américains l’avaient découvert dans le rôle du colonel Carbury, militaire placide et ami d’Hercule Poirot (Peter Ustinov) dans Rendez-vous avec la mort de Michael Winner, sa seconde rencontre cinématographique avec Agatha  Christie, quatorze ans après le Crime de l’Orient-Express de Sidney Lumet. Et pourtant, après 76 ans de carrière, John Gielgud devait s’éteindre le 21 mai 2000, le même jour que Barbara Cartland !