LAND OF THE DEAD, LE TERRITOIRE DES MORTS

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George Romero a tourné de nombreux films d'horreur très réussis comme Martin (1977) et Incident de parcours (1988), mais son nom restera pour toujours associé aux morts vivants. Il faut dire que c'est lui qui, en 1968, a renouvelé l'imagerie du zombie en le coupant de toutes ses origines vaudou pour en faire une créature horrifique revenue d'entre les morts pour dévorer les humains transformés à leur tour en zombies dès la première morsure. Avec La Nuit des morts-vivants, tourné en noir et blanc dans une esthétique proche du documentaire, Romero a réussi l'exploit de faire rentrer le cinéma d'horreur au Musée d'art moderne de New York. Nourri de la rage de la fin des années 60 et de l'horreur de la guerre du Vietnam, son film dénonçait en outre le racisme et désacralisait l'image de la famille en montrant une fillette dévorant ses propres parents. En 1978, Dawn of the Dead, sorti en Europe dans un montage alternatif sous le titre Zombie, franchissait une étape supplémentaire dans le gore avec ses spectaculaires décapitations et éventrations en couleurs. Mais surtout, cette suite presque entièrement située dans un centre commercial dénonçait les dérives de la société de consommation.

Cette association du zombie et du politique s'est poursuivie en 1985 avec Day of the Dead/Le Jour des morts-vivants, qui s'en prenait à l'Amérique reaganienne et à ses héros militaires à la Rambo. On ne saura jamais quelle vision des années 90 auraient colportée les zombies. Faute de financement, le quatrième volet n'a pu être mis en chantier avant que le succès d'autres films de zombies comme L'Armée des morts, remake de Dawn of the Dead ne décident des producteurs à financer un nouveau Romero. Le cinéaste a alors repris un scénario qu'il avait bouclé juste avant la tragédie du 11 septembre pour y faire écho à la nouvelle donne politique. C'est ainsi que le personnage de Dennis Hopper est très inspiré par le Secrétaire à la Défense des états-Unis Donald Rumsfeld.

 
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De tous les films de zombies de George Romero, Land of the Dead est celui qu'il a tourné avec le budget le plus confortable. 15 millions de dollars rallongés à 18 millions au final, ça reste modeste pour un film avec autant de scènes d'action, mais c'est beaucoup plus que pour ses précédents films. D'où la possibilité pour la première fois de la saga d'avoir accès à des acteurs connus. Le cinéaste connaissait Asia Argento depuis longtemps puisqu'il avait été amené à travailler à plusieurs reprises avec son père, le cinéaste Dario Argento. Mais c'est la prestation d'Asia dans sa première réalisation Scarlet Diva (2000) qui l'a convaincu de l'engager. Land of the Dead marque aussi la rencontre du cinéaste et de Dennis Hopper qui avait lui aussi tourné un film mythique à la fin des années 60 : Easy Rider. Une autre surprise est de voir John Leguizamo, habitué aux rôles de gangsters comme dans L'Impasse de Brian De Palma, rejoindre les rangs des zombies.

Pour la figuration chez les morts-vivants, Romero s'est offert quelques invités de luxe comme une journaliste du quotidien USA Today qui était ainsi aux premières loges pour faire son reportage sur le tournage. Mais aussi Simon Pegg et Edgar Wright, les auteurs de la parodie Shaun of the Dead que Romero avait beaucoup appréciée ou encore Tom Savini, responsable des effets spéciaux des trois premiers volets de la série. Cette fois, c'est Greg Nicotero, qui était assistant de Savini sur Le Jour des morts-vivants qui a supervisé les effets maquillage. Entre-temps, il était devenu une superstar dans son domaine en tournant avec les meilleurs réalisateurs du genre, de Wes Craven à John Carpenter. Les fans avaient attendu 20 ans ce quatrième volet de la saga des morts-vivants. Ils n'auront à patienter que trois ans pour découvrir le cinquième film, Diary of the Dead, qui a reçu le Prix de la critique au festival de Gerardmer 2008. Vous venez de voir Land of the Dead dans sa version standard sortie dans les salles françaises.
Sur ce site, vous pouvez voir aussi une director's cut rallongée de quelques minutes dont le principal attrait tient à l'ajout d'effets sanglants.