LES TROIS MOUSQUETAIRES

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Comme chacun sait les trois mousquetaires étaient quatre, et le roman d’Alexandre Dumas fut publié pour la première fois en feuilleton en juillet 1844 dans le journal Le siècle. Le succès fut considérable et 20 ans après suivi du Vicomte de Bragelonne  parurent dans la foulée en 1845 et 1850, complétant la célèbre trilogie. Les as de la rapière firent le tour du monde et dès le début du 20ème siècle devinrent héros de cinéma.

En 1912 d’abord chez André Calmette et Henri Pouctal, puis ils se mirent à parler en 1933 chez Henri Diamant-Berger. Il y en eut bien d’autres des mousquetaires et bien des variations sur le thème. Mais parlons d’une trilogie exquise bien qu’anglo-saxonne, celle de Richard Lester. Le premier film Les trois mousquetaires sorti en 1973 suivi de On l’appelait milady en 1974. Ces deux films recoupaient en fait l’action du premier roman. Et ce n’est qu’en 1989, donc quinze ans plus tard que Lester signa son 20 ans après dans un troisième film intitulé en français : Le retour des mousquetaires.

Mais commençons par le commencement avec The three musketeers, les trois mousquetaires. Avec dans le rôle de D’artagnan Michael York… Et que jouent Richard Chamberlain, Oliver Reed, Raquel Welch, Christopher Lee, Jean-Pierre Cassel, George Wilson, Faye Dunaway, Charlton Heston ? Réponse maintenant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES TROIS MOUSQUETAIRES DE GEORGE SIDNEY (1948) ou encore LA REINE MARGOT DE PATRICE CHÉREAU (1994) .

C’est un des rares cas où la cinéphilie nous autorise à voir un film anglais en VF. Mais c’est quand même dommage car capédédiou la VO anglaise a une dynamique qui lui est propre. Et tant pis pour l’accent gascon. Car c’est un film de Richard Lester cinéaste américain avec un cerveau d’européen, fanatique du burlesque (il a été un des derniers à diriger Buster Keaton), privilégiant une comédie chaotique et donc parfois mélancolique à toutes contingences historiques, réalistes ou simplement narrative.

Bref c’est un auteur. Pas étonnant que le côté picaresque du film, brueghelien, se situe au-delà du film de cape et d’épée. Sans faire dans la parodie les mousquetaires de Lester sont souvent plus grotesques qu’héroïques et pourtant, ils ont du panache. L’histoire de ce film est elle-même totalement erratique. Alexander Salkind, un de ces ravissants producteurs-affairistes venu de l’Est (il est né à Dantzig), était à la fin des années 60 en difficulté. Il avait pris le bouillon avec deux films importants Austerlitz de Gance et Le procés de Welles. Il lui fallait du populaire. C’est son fils qui lui souffla de tourner les trois mousquetaires avec les héros de l’époque, les Beatles. On peut toujours rêver à qui aurait joué quoi sachant que Mc Cartney et Lennon se seraient bouffé le nez pour jouer d’Artagnan. Pourquoi les Beatles, c’est tout bête parce qu’ils sont quatre, qu’ils sont les plus grandes stars du monde, et parce qu’ils avaient posé en costume sur l’album Sgt Pepper’s lonely hearts club band. Sauf qu’à l’époque les Beatles sont séparés. Qu’à cela ne tienne : après avoir écarté Tony Richardson le réalisateur de La charge de la brigade légère qui envisageait des mousquetaires dépressifs enfermés au couvent, Salkind pense naturellement à celui qui a dirigé deux fois les Beatles dans A hard day’s night et Help. Même si les Beatles sont hors course, Richard Lester fonce dans le projet. Au scénario on convoque George MacDonald Fraser écrivain écossais inventeur en 1966 de la saga des Harry Flashman un officier britannique couard, fourbe et amoral. Un casting royal est convoqué, Michel Legrand signe sa première partition historique et l’on tourne trois mois de juin à septembre 1973 en Espagne et en studio à Rome.

De ce tournage on sortira deux films plutôt qu’un très long, une entourloupe de producteur que l’on bénit à postériori. Signalons que Charlton Heston a décliné l’offre de jouer l’un des mousquetaires au bénéfice de la robe de Richelieu parce qu’il était trop pris à l’époque. La vérité nous force à dire qu’il jugeait le rôle d’Athos un peu trop court au regard de son statut. Ce cher Charlton qu’on adore au demeurant n’était pas tout à fait tous pour un et un pour tous.

C’est un peu triste à dire mais l’image qu’on a tous de Richard Lester est celle d’un réalisateur un peu moyen. On pense à l’inégal Superman II (revisité d’ailleurs par Richard Donner), au très mauvais Superman III ou encore à des films pas franchement passionnants ...

Richard Lester signe ici une très belle adaptation du roman d'Alexandre Dumas. L'ensemble est un vrai plaisir et l'humour omniprésent. Mais le film reste avant tout très spectaculaire, avec beaucoup de rebondissements et de scènes d'action tout à fait réjouissantes. De plus, ...