LE BISON (ET SA VOISINE DORINE)

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La délicieuse comédie que voilà ! Avec un coeur et un... ventre gros comme ça, car il faut dire que son héroïne, gardienne d'immeuble de son état, attend son cinquième enfant. Ce qui ne l'empêche pas d'être énergique comme tout dès le matin, ce qui agace prodigieusement son voisin, un dandy rentier qui fait de grosses grasses matinées. Entre eux, pourtant, ça va finir par coller, après quelques péripéties, parce que le mari de la concierge est un pauvre type et que le dandy a une âme cachée de père de famille nombreuse.

On fond devant l'énergie rose bonbon de cette première réalisation de la comédienne Isabelle Nanty qui se donne aussi le premier rôle de cette mère courage et épatante, qu'elle avoue à ses enfants que le prince charmant n'existe pas ou qu'elle se laisse maquiller et coiffer comme une Barbie par ses rejetons. Beaucoup de couleurs, des petits interludes musicaux, des gags tendres, une scène d'accouchement drôle et insolite et une fantaisie optimiste qui irrigue le tout : ce Bison est doux comme un agneau qui vient de naître et il donne une vision de la famille recomposée joliment punchy.

Première mention spéciale aux quatre enfants, parfaitement dirigés, et qui parviennent à balancer des phrases d'adultes avec un naturel craquant, surtout la petite dernière qui, cachée dans les toilettes, joue à la star. Et mention super spéciale à Edouard Baer, nonchalant, désinvolte, ébahi et plein de grâce distanciée. Pourquoi nous, on l'a pas comme voisin, hein ? 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MA VIE N'EST PAS UNE COMÉDIE ROMANTIQUE DE MARC GIBAJA (Un homme et une femme qui n'ont rien en commun, se chamaillent et finissent par comprendre qu'ils ne peuvent pas se passer l'un de l'autre ! Avec de l'humour, des décors colorés, deux interprètes impeccables et des enfants.) ou encore HUIT FOIS DEBOUT DE XABI MOLIA (Le voisinage peut faire des merveilles comme dans cette épatante comédie sociale douce-amère où Julie Gayet et Denis Podalydès cherchent un boulot mais finissent par préférer trouver l'amour.).

Comment résister à Edouard Baer, l'un des types les plus drôles de la galaxie avec son phrasé si particulier, son sourire en demi-teinte rêveuse, ses délires flegmatiques, à côté de la plaque, complètement bohèmes. On pourrait le prendre, à cause de son empreinte de trublion Canal+, pour un clown de passage dans le cinéma.

Et pourtant, Edouard, un prénom chic et d'un autre âge qui lui va si bien, a fait le Cours Florent, dès 18 ans avec comme professeur Isabelle Nanty qui l'engagea bien plus tard pour être son drôle de prince charmant dans Le Bison. Première apparition notable sur grand écran : le piquant et intello Rien sur Robert en 1999 où il jouait l'amant de Sandrine Kiberlain. En 2001, il confirme son talent, sans faire rire du tout, avec le drame Betty Fisher et autres histoires de Claude Miller, toujours avec Kiberlain. Et c'est dans Dieu est grand et je suis toute petite aux côtés d'Audrey Tautou qu'il exprime sa délicieuse légèreté. Il faut attendre Astérix et Obélix : mission Cléopâtre de son pote « canalplusien » Alain Chabat pour qu'il nous fasse mourir de rire dans le rôle d'Otis, inventeur de l'ascenseur ! Son monologue existentiel est un morceau d'anthologie et peut-être la scène la plus citée du film aujourd'hui. Mais finalement, c'est dans la gravité pince-sans-rire et même l'inquiétude amoureuse qu'il trouve ses meilleurs rôles comme dans Les Brigades du Tigre de Jérôme Cornau en 2006 avec le rôle de l'inspecteur Pujol, apparemment cynique, mais grand sentimental, finalement. Ou dans Une exécution ordinaire de Marc Dugain en 2010 où il campe le second rôle tragique d'un homme persécuté par Staline.

Roi du grand écart sans avoir l'air de toucher terre, jamais là où on l'attend, cet acteur joue l'ébahissement comme personne que ce soit dans le registre de la comédie, son meilleur rôle dans le genre restant l'excellent Mensonges et plus si affinités de Laurent Tirard en 2004 où il n'en revient pas de devoir servir de nègre (et bien plus) à un joueur de foot baudelairien bas du front. Ou dans l'étrange et fascinant conte amoureux de Pascal Bonitzer Je pense à vous où son air un peu perdu fait merveille. Avec Edouard, dandy inclassable, clown blanc mal réveillé, le cinéma français a trouvé un homme en forme de point d'interrogation. 

Un film délicat, tendre, et plein d'humour, qui nous fait croire au rêve. La qualité de l'interprétation d'Edouard Baer est excellente. Bravo à Isabelle Nanty qui a, devant la caméra, le génie de l'enfance... ...

Edouar Baer confirme, une fois de plus, son statut de talent absolu dans la comédie française actuelle. Avec ses mimiques, ses facettes, sa coiffure, et sa manière incroyable à réciter les dialogues, il peut à lui seul nous faire apprécier le film. Et en voici un exemple ...

J'ai dû voir ce film des dizaines de fois en 2004-2005. Notre film culte à ma meilleure amie de l'époque et moi. Des répliques tellement drôles, un bon rythme dans l'action, et puis Edouard Baer en misanthrope qui tout à coup est confronté à une voisine pénible, et ses ...